Gaston Lagaffe : l'incroyable stratagème de Pef pour convaincre l'éditeur

Gaston Lagaffe : l'incroyable stratagème de Pef pour convaincre l'éditeur

En 2018, Pierre-François Martin-Laval (dit "Pef") met en scène une adaptation cinématographique de la bande dessinée Gaston Lagaffe. Et pour convaincre l'éditeur de lui céder les droits, il s'est vraiment très investi.

Gaston Lagaffe : de la BD au film

Gaston Lagaffe est l'un des personnages de bande dessinées les plus connus en France et en Belgique créé par le dessinateur André Franquin en 1957. Le personnage est un employé de bureau travaillant au Journal de Spirou. Paresseux et maladroit, il commet d'innombrables gaffes et déclenche des catastrophes en tentant d'inventer des machines.

En 1981, le personnage est pour la première fois adapté au cinéma dans le film Fais gaffe à la gaffe ! de Paul Boujenah avec Roger Miremont dans le rôle principal. Hélas, c'est un échec critique et commercial total. Franquin ne souhaitait d'ailleurs pas que sa BD soit adaptée au cinéma, c'est pour cela que les personnages du film ne portent pas les noms officiels mais des diminutifs ("G" pour Gaston, ou "Prunus" pour Prunelle).

Fais gaffe à la gaffe
Fais gaffe à la gaffe © DR

En 2018, Pierre-François Martin-Laval (dit Pef) met en scène un nouveau film. Il s'agit d'une adaptation plus proche de l'oeuvre d'origine, bien que Gaston soit plus jeune que dans la BD. Dans le rôle principal, on retrouve Théo Fernandez, connu pour avoir joué dans la saga Les Tuche.

Le pitch :

Gaston débarque en stage au Peticoin. Avec ses inventions délirantes, il va changer le quotidien de ses collègues. Chat, mouette, vache, et gaffophone seront au rendez-vous des aventures de notre bricoleur de génie qui ne pense qu’à faire le bien autour de lui, mais qui a le don d’énerver Prunelle, son patron. Les gaffes à gogo de notre empêcheur de travailler en rond pourront-elles éviter que le redoutable Monsieur de Mesmaeker rachète le Peticoin ? 

Le stratagème de Pef pour convaincre l'éditeur

Ça faisait des années que Pef rêvait de pouvoir faire un film Gaston Lagaffe. En effet, il était un grand fan du personnage depuis l'enfance. Mais c'était un rêve qui lui semblait inaccessible, puisqu'il ne disposait pas des droits. Mais le destin a frappé à sa porte lorsqu'il a appris que l'éditeur Claude de Saint-Vincent (qui possède, entre autres, Dupuis) avait adoré son premier film Essaye-moi. Il a alors, avec le producteur Romain Rojtman, tout tenté pour convaincre ce dernier de leur céder les droits d'adaptation. Et il n'y est pas allé de main morte !

Théo Hernandez est Gaston Lagaffe
Théo Hernandez est Gaston Lagaffe © UGC Distribution

En effet, lors d'un déjeuner organisé avec Claude Saint-Vincent et Romain Rojtman, il s'est glissé dans la peau de Gaston. Il racontait cette incroyable mise en scène, alors qu'il n'avait même pas écrit de scénario :

Je me suis déguisé en Gaston, j'ai loué la voiture du personnage et j'ai décidé de passer à une cinquantaine de mètres de la terrasse de café où Romain avait rendez-vous avec Claude de Saint-Vincent et l'un de ses collaborateurs.Le stratagème a tellement bien fonctionné que l'un des deux éditeurs s'est levé et s'est précipité vers moi : il a frappé à la vitre de la voiture et m'a dit "Je suis l’éditeur de Gaston Lagaffe et vous conduisez sa voiture !" Je crois qu'il y a vu un signe divin ! Mais je ne me suis pas arrêté parce que j'avais prévu un autre gag. Du coup, le type est revenu à la terrasse du café et Romain a surenchéri en lui disant qu'il était totalement obsédé par Gaston et qu'il avait rêvé…

Quelques instants plus tard, Pef est repassé, cette fois en sens inverse :

J'ai simulé un petit accident en utilisant un fumigène. Je suis descendu de la voiture déguisé en Gaston, et les contrats de De Mesmaeker à la main. J'ai fait tomber les consommations sur le costume des deux éditeurs, j'ai laissé les contrats sur la table et je suis reparti.

Un incroyable stratagème qui a donc permis à Pef d'adapter à l'écran son héros d'enfance. Malgré un budget conséquent de plus de 18 millions d'euros, le film est cependant un échec au box-office. En effet, il n'a cumulé que 536 000 entrées en France.