Le film "Gauguin - Voyage de Tahiti" fait polémique en raison du caractère pédophile de la relation qu'a entretenu le peintre avec sa muse Tehura. Cette dernière n'avait que treize ans au moment où elle a rencontré l'artiste, devenant par la suite son épouse.
La polémique enfle autour du dernier film d’Edouard Deluc intitulé Gauguin – Voyage de Tahiti. Une œuvre dans laquelle Vincent Cassel incarne le fameux peintre, parti en voyage en Polynésie.
Une idylle condamnée par la loi
Lors de la sortie de Gauguin – Voyage de Tahiti le 20 septembre dernier, des polémiques avaient déjà eu lieu suite à un article du site Jeune Afrique fustigeant l’omission faite par le réalisateur quant à l’âge de la muse du peintre français.
Parti en 1891 en Polynésie, le peintre postimpressionniste a quarante-trois ans, soit trente ans de plus que celle qui va inspirer certaines de ses œuvres les plus célèbres. Perçue par l’artiste comme une « magicienne » et un être qui s’apparente à « un animal », en raison de son « caractère primitif » - selon les notes du peintre lui-même – Tehura n’est alors qu’une adolescente âgée de treize ans à peine. Une différence d’âge qui n’empêchera pas Gauguin d’avoir une liaison avec la jeune fille, lui qui était par ailleurs atteint de maladies sexuellement transmissibles.
Soulevé par le collectif « Au nom de la morale », ce problème de pédophilie a grandement fait polémique en raison du choix d’Edouard Deluc de ne pas citer l’âge de Tehura dans son film. Pour le réalisateur, le but de Gauguin – Voyage de Tahiti n’était pas de retranscrire exactement la vie du peintre, mais bien de s’inspirer de ses notes personnelles pour retranscrire son aventure tant intime qu’artistique. En se concentrant davantage sur les Tahitiens, leur mode de vie et leur histoire, le metteur en scène n’entendait pas rendre gloire à Gauguin, mais bien traduire poétiquement un pan crucial de sa vie.
L'avis de Vincent Cassel
Dans l’émission Stupéfiant ! (en lien ci-dessous) présentée et menée par Léa Salamé, l’acteur Vincent Cassel a lui aussi donné son avis quant à cette problématique de la pédophilie liée à son personnage. Pour l’interprète, les mœurs et idées quant à la notion de pédophilie n’étaient pas les mêmes au XIXème siècle qu’aujourd’hui. Sans défendre la relation qu’a eu Gauguin avec la jeune Tehura, l’acteur dresse des raisons qui, selon lui, expliquent cette idylle, aujourd’hui totalement illégale.
Conscient de la gravité des mots qu’il emploie dans cette interview, l’acteur appuie toutefois son propos :
Treize ans à l’époque, ce n’est peut-être pas treize ans aujourd’hui
S’attirant alors automatiquement la méfiance de son interlocutrice. S’appuyant sur un relativisme quant aux us et coutumes de l’époque, l’interprète n’en condamne pas moins cette pratique au regard d’aujourd’hui. Cette question de la pédophilie retranscrit par ailleurs toute la problématique liée au traitement des artistes les plus connus. Eux dont, selon les mots de l’écrivain et biographe Alain Vircondelet, on ne veut « pas détériorer l’image » avec des scandales. Notamment comme ceux ayant éclaboussé la réputation de Balthus, un peintre désormais reconnu comme pédophile. Un fait appuyé par ses nombreux portraits de jeunes filles, dont La Jeune fille à la mandoline.
Voici l'interview de Vincent Cassel dans Stupéfiant ! :
Toujours dans les salles depuis le 20 septembre, Gauguin – Voyage de Tahiti s’intéresse ainsi aux premières années d’exil du peintre et à son travail inspiré par sa muse Tehura, qui deviendra le sujet de ses plus grandes toiles.