Daniel Kaluuya débarque chez des beaux-parents d'abord chaleureux puis très inquiétants dans "Get Out". Le comédien s'est totalement reconnu dans l'une des séquences majeures du thriller paranoïaque de Jordan Peele.
Get Out : le gendre idéal
En 2017, alors qu'il était jusqu'ici principalement célèbre pour ses sketchs avec son complice Keegan-Michael Key, Jordan Peele s'impose comme un nouveau nom à suivre dans le cinéma d'horreur. Avant Us et Nope, le réalisateur dévoile déjà l'étendue de son talent avec Get Out, qui contient son sens de l'ironie, sa capacité à faire monter la tension et sa manière de revendiquer ses influences tout en trouvant sa propre voie.
Après une introduction centrée sur un kidnapping nocturne, le long-métrage démarre avec le départ de Chris Washington (Daniel Kaluuya) et Rose Armitage (Allisson Williams) chez les parents de cette dernière, propriétaires d'une très belle demeure dans l'Upstate New York. À son arrivée, Chris est un peu trop bien accueilli par les Armitage, qui versent sans retenue dans le racisme ordinaire. Avec un air très sérieux, Dean (Bradley Whitford) assure par exemple à Chris qu'il aurait voté pour Barack Obama si l'ancien président avait pu se présenter pour un troisième mandat.
Une bienveillance de surface qui peine à éclipser la soumission des domestiques employés dans la propriété. À mesure que les heures passent, Chris est témoin de situations aussi étranges qu'inquiétantes et apprend que plusieurs Afro-Américains ont récemment disparu dans les environs. Le héros ne tarde pas à vouloir suivre le conseil de son ami Rod (Lil Rel Howery), qui n'arrête pas de lui répéter de se tirer d'ici. Malheureusement, il est déjà trop tard et le jeune homme ne peut plus s'échapper, étant notamment sous le contrôle de sa belle-mère Missy (Catherine Keener), particulièrement douée pour l'hypnose...
Une séquence importance pour Daniel Kaluuya
Récompensé par l'Oscar du Meilleur scénario original, Jordan Peele signe un thriller rempli de moments hilarants, provoqués par la condescendance des Armitage ainsi que par les interactions lunaires entre Chris et certains personnages secondaires. L'humour du long-métrage ne nuit ni à la dénonciation du racisme ordinaire, bien au contraire, ni à l'atmosphère paranoïaque évoquant les films de body snatchers comme Invasion Los Angeles et L'Invasion des profanateurs.
L'un des sommets de Get Out est probablement la séquence de la réception chez les Armitage. Jordan Peele trouve alors l'équilibre parfait entre sarcasme et suspense, avant de dévoiler les clés du récit. Mais avant ça, le cinéaste confronte son héros à une multitude de sourires complaisants. Une situation déjà vécue par son interprète Daniel Kaluuya, qui s'est totalement identifié à Chris. En 2018, l'acteur confie à Entertainment Weekly (via Yahoo!) :
Sur la scène de fête, je me suis dit : "Oh, je suis déjà allé à cette fête". (...) Ce genre de racisme, qui n'est pas considéré comme du racisme, qui n'est pas considéré comme du racisme ordinaire, c'est simplement la vie. Et le fait d'y être confronté est extrêmement gênant. Jordan a montré la réalité. Il a exprimé cinématographiquement une expérience vécue par des millions de personnes, et qui se sentent folles en vivant ça. Et Jordan leur a simplement dit : "Non, vous n'êtes pas fous".