Dans "Good Morning, Vietnam", Robin Williams incarne Adrian Cronauer, qui défie la censure militaire avec ses tirades improvisées et enregistrées en direct de Saïgon en 1965. Une comédie dramatique fidèle à la vie de l’animateur radio ?
Good Morning, Vietnam : Robin Williams déchaîné au micro
Alors qu’il est dans le bureau de son agent Larry Brezner, Robin Williams tombe un jour sur le script de ce qui deviendra Good Morning, Vietnam, signé Mitch Markowitz. Très vite, le comédien et humoriste fait part de son intérêt pour le rôle principal. Celui d’Adrian Cronauer, animateur radio transféré de la Crête à Saïgon en 1965.
Accueilli chaleureusement par le première classe Edward Garlick (Forest Whitaker), Cronauer suscite en revanche la méfiance du sergent-major Dickerson (J.T. Walsh). Les appréhensions de ce dernier se confirment dès lors que l’animateur prend le micro de la station des troupes américaines.
Son humour subversif, sa répartie et ses messages peu flatteurs à l’attention du gouvernement font très vite trembler ses supérieurs. À l’inverse, les soldats déployés dans le pays sont conquis.
Peu après son arrivée, Adrian Cronauer tombe sous le charme de Trinh (Chintara Supakatana). Il se met également à donner des cours d’argot américain à des Vietnamiens. Mais alors qu’il prend ses marques et fait l’unanimité auprès de la plupart de ses collègues et de ses auditeurs, l’animateur est rattrapé par la violence du conflit et par la désapprobation de sa hiérarchie, prête à tout pour l’évincer.
Bruno Kirby, Robert Wuhl, Noble Willingham et Richard Edson complètent la distribution de Good Morning, Vietnam. Sorti en 1988, le film est mis en scène par Barry Levinson, qui dévoilera Rain Man l’année suivante.
Adrian Cronauer impressionné
En interprétant ce personnage qui se lance dans des tirades avec une aisance hallucinante, Robin Williams rappelle qu’il est un génie de l’improvisation. Sa performance lui vaut d’être nommé à l’Oscar du Meilleur acteur. Elle impressionne par ailleurs le véritable Adrian Cronauer, qui ne tarit pas d’éloges à l’égard du comédien.
Interrogé par le Chicago Tribune en 1988, l’animateur radio déclare :
Le film est beaucoup plus intéressant que les expériences que j’ai vécues. (…) Robin Williams est très drôle. Je ne le suis pas. Williams est le disc jokey que j’aurais aimé être.
À l’origine, Adrian Cronauer envisage de faire une série télévisée basée sur ses expériences, dans la lignée de M.A.S.H. Mais ABC rejette le projet en 1978. Le script de la sitcom devient progressivement celui d’un film qui arrive jusqu’au bureau du producteur Larry Brezner. Ce dernier le confie ensuite à Mitch Markowitz pour que le scénariste y insuffle davantage d’humour.
De nombreux écarts
Good Morning, Vietnam prend finalement de nombreuses libertés vis-à-vis de l’histoire d’Adrian Cronauer. Ce dernier n’a tout d’abord jamais été aussi virulent que le protagoniste du long-métrage. En 2008, lors d’une conférence pour les Vétérans, il affirme, cité par Marie Claire :
Si j'avais fait la moitié des choses qu'a fait Robin Williams dans le film, je serais toujours à Leavenworth (un centre pénitentiaire des États-Unis, ndlr).
Néanmoins, l’animateur a bien débuté chaque numéro de l’émission Dawn Buster, en direct de Saïgon entre 1965 et 1966, par l’incontournable « Good Morning, Vietnam ! » Il a également donné des cours d’anglais. À l’instar du personnage incarné par Robin Williams, il a été témoin de l’explosion d’un restaurant et a été interdit d’en parler à la radio. L’échange dans le film avec son supérieur est d’ailleurs similaire à celui qui a vraiment eu lieu après l’attentat.
Adrian Cronauer n’a cependant jamais été dans un véhicule soufflé par une mine. Il ne s’est pas retrouvé perdu dans la jungle et ses collègues dépeints dans le long-métrage sont tous fictifs. Enfin, s’il a effectivement eu quelques accrocs avec la censure militaire, il n’a jamais été radié de l’armée américaine.
Républicain revendiqué, il collabore avec l’administration Bush-Cheney dans les années 2000. Animateur radio devenu avocat et homme investi auprès d’associations de vétérans, Adrian Cronauer meurt en juillet 2018 à l’âge de 79 ans.