Rarement récompensé, Guillermo del Toro a enfin reçu la reconnaissance qu’il mérite en remportant le Lion d’or de Venise pour "The Shape of Water".
Pour sa 74e édition, la Mostra de Venise a décerné le Lion d’or du meilleur film à Guillermo del Toro pour The Shape of Water. Un film très attendu (comme tous les films du Mexicain), notamment depuis sa sublime bande-annonce. Il s’agit d’une consécration pour le réalisateur, rarement récompensé pour son travail (primé de trois prix seulement avec Le Labyrinthe de Pan). Mais surtout un moment important, car le symbole d’un retour du cinéaste à un cinéma plus intimiste. Adepte des contes fantastiques et poétiques, son nouveau film dépasserait alors les rêveries de son auteur pour se révéler porteur d’un message.
En effet, si on se retourne sur la filmographie de del Toro, celle-ci pourrait se scinder en deux. D’un côté ses œuvres en espagnol, les plus personnelles (L’Échine du diable et Le Labyrinthe de Pan), et de l’autre un cinéma davantage de divertissement (dans le bon sens du terme), allant de Blade 2 à Pacific Rim en passant par Hellboy – Crimson Peak faisant office d’entre-deux. Des approches et des intentions différentes donc, mais avec toujours une volonté de développer des univers originaux, nés de son esprit fabuleux.
Avec The Shape of Water, où une femme muette tombe amoureuse d’un amphibien emprisonné, Guillermo del Toro retrouve un contexte socio-politique. Après celui de la guerre d’Espagne, c’est celui de la Guerre froide qui lui permet de remettre en question l’Homme en révélant sa part de monstruosité. Un contexte qui l'amène à s'exprimer davantage dans les sous-textes. Preuve en est, son discours prononcé au moment de recevoir son prix dédié aux
réalisateurs mexicains et latino-américains qui rêvent de faire quelque chose en forme de parabole, mais à qui on dit que ce n'est pas possible.
Del Toro a prouvé que c’était possible. Et bien que, cette fois, il ait choisi de le faire en langue anglaise, il est excitant de le voir revenir à ce qu’il a fait de mieux dans son cinéma. Pas étonnant que le festival Lumière lui rende hommage cette année en l’invitant. Il viendra animer une masterclass à Lyon le 16 octobre prochain. The Shape of Water, repoussé à une sortie le 21 février 2018, y sera présenté en avant-première.
Les autres récompenses de la Mostra
La Mostra de Venise a également vu Foxtrot de Samuel Maoz repartir avec le Lion d'argent - Grand Prix du jury, Xavier Legrand avec le Lion d'argent du meilleur réalisateur pour Jusqu'à la garde, Charlotte Rampling être récompensée du Prix d’interprétation féminine pour Hannah et Kamel El Basha du Prix d’interprétation masculine pour L'Insulte.