Condamné à ne jamais se faire, comme beaucoup de projets avortés de Guillermo del Toro, son Pinocchio va finalement voir le jour grâce à la participation de Netflix. Le metteur en scène mexicain sait dans quel sens il veut travailler et sa vision titille notre curiosité.
Une marionnette de bois qui devient vivante. On pourrait résumer l'histoire de Pinocchio simplement par ces quelques mots. L'adaptation du conte en dessin-animé chez Disney est d'ailleurs devenue la référence pour parler du personnage, dans l'imaginaire collectif. Guillermo del Toro veut depuis longtemps s'emparer du matériau initial afin de le transformer selon ses envies. C'est pour cela qu'il tenait à transposer l'histoire dans l'Italie des année 30, alors que le fascisme et Mussolini font une montée fulgurante dans le pays.
Un argument qui implique une noirceur peu compatible avec un spectacle grand public. Voilà la principale raison qui a empêché le film de se faire jusqu'alors. Mais en fin d'année dernière, Netflix a officialisé son soutien pour produire ce film en stop-motion. La plateforme cherche sans cesse des auteurs renommés pour agrémenter son catalogue de titres exclusifs et la promesse d'une vraie liberté artistique semble toujours tenir - même si plusieurs épisodes récents peuvent faire penser le contraire.
Le mexicain donne sa vision
De passage chez Variety, Guillermo del Toro a été très bavard sur ce Pinocchio en donnant plusieurs détails sur comment il envisageait le projet :
Pour moi, Pinocchio, tout comme Frankenstein, est une toile vierge sur laquelle il est très attrayant de connaître la courbe de ce qu'est le monde et l'être humain. Je suis très attiré par ce principe car, thématiquement - et je ne veux pas gâcher le contenu du film - c'est quelque chose qui est dans tous mes films, c'est un choix. C'est un thème qui m'intéresse beaucoup.
On reconnait bien là la démarche d'un homme qui se positionne comme un auteur. Il s'empare d'un sujet pour y infuser ses obsessions personnelles et créer un prolongement logique par rapport à ses précédents travaux. Voilà en particulier pourquoi nous avons toujours voulu que son Pinocchio se fasse. Il continue ensuite l'interview en évoquant un thème en particulier, la désobéissance :
Je pense que de l'histoire, et celle de Collodi en particulier, sont très répressives. C'est essentiellement une fable très brutale sur ce qu'est la désobéissance. Et je pense que la désobéissance est le début de la volonté et du choix... Je pense qu'il est très intéressant de voir dans la désobéissance une vertu, ou le début d'une vertu.
Il termine ensuite sur le sujet en précisant que la stop-motion est une manière d'envisager le cinéma qui engendre une vraie liberté. Il n'en fallait pas plus pour donner envie de voir son film.
Aucune date de sortie n'est encore annoncée. La production devrait débuter avant la fin de l'année.