Si "Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban" est une réussite, c'est en partie grâce à Guillermo del Toro qui trouva les mots justes pour convaincre Alfonso Cuarón de réaliser le film.
Le Prisonnier d'Azkaban : le meilleur d'Harry Potter
Des huit films de la saga Harry Potter, beaucoup considèrent (à juste titre) que le troisième opus, Le Prisonnier d'Azkaban (2004), est le meilleur. Il faut dire qu'après deux films réalisés par Chris Columbus, Alfonso Cuarón a apporté un ton beaucoup plus sombre. A-t-elle point que le long-métrage peut être considéré comme un film d'horreur. C'est du moins l'avis du cinéaste, qui s'est d'ailleurs inspiré de l'expressionnisme allemand et de réalisateurs comme Fritz Lang ou F.W. Murnau pour mettre en scène ce Harry Potter 3.
La qualité visuelle d'Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban est indéniable et doit en partie au directeur de la photographie Michael Seresin, qui travailla par la suite sur les films La Planète des singes (2014 et 2017) de Matt Reeves. Reste que la vision d'Alfonso Cuarón aura été déterminante pour raconter d'une si bonne manière la troisième aventure d'Harry où l'on découvre Sirius Black, évadé de prison après une condamnation pour meurtre et qui pourrait vouloir s'en prendre au jeune sorcier... Pourtant, le réalisateur de Les Fils de l'homme (2006) et Gravity (2013) hésita longtemps à accepter de mettre en scène le film. C'était sans compter sur son ami Guillermo del Toro qui trouva les mots justes pour le convaincre.
"Tu es un connard arrogant"
En effet, dans une interview donnée à Total Film pour les 20 ans d'Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, le réalisateur mexicain a expliqué qu'il avait été plutôt perplexe lorsque le projet lui a été proposé. Le cinéaste venait de signer le drame Y tu mamá también (2001), et Harry Potter passait totalement "sous son radar". Il trouva même étrange qu'on pense à lui pour cette production, d'autant qu'il n'avait pas lu les romans de J. K. Rowling. Il en parla néanmoins à Guillermo del Toro.
Je parle souvent avec Guillermo (del Toro), et après quelques jours je lui ai dit : "Tu sais, on m'a proposé ce film Harry Potter, mais c'est vraiment bizarre qu'ils me proposent ça". Il m'a répondu : "Attends, attends, attends, tu a dit que tu n'avais pas lu Harry Potter ?" J'ai ensuite dit : "Je ne pense pas que ce soit pour moi".
Devant la réaction de son ami, Guillermo del Toro s'est lâché dans le but de faire le réagir et le faire changer d'avis.
Dans un lexique très fleuri, en espagnol, il m'a dit : "Tu es un connard arrogant".
Une phrase qui a visiblement piqué suffisamment Alfonso Cuarón pour qu'il revienne sur sa décision. De plus, le producteur David Heyman justifia son intérêt pour le cinéaste justement par rapport à ce que représentait son précédent film : "Y tu mamá también parlait des derniers moments de l'adolescence, et Azkaban parlait des premiers moments de l'adolescence. J'ai senti qu'il pouvait rendre la saga plus contemporaine, d'une certaine manière. Et apporter sa magie cinématographique". Guillermo Del Toro et David Heyman ne s'y sont pas trompés. Car même si Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban est le film de la saga à avoir récolté le moins d'argent (tout de même 807 millions de dollars de recettes), il reste le préféré de bon nombre de fans.