Al Pacino offre une interprétation remarquable dans "Heat", le chef-d'œuvre de Michael Mann. Pour une scène culte du film, l'acteur n'a pas hésité à improviser, laissant son collègue Hank Azaria sous le choc.
Heat, ce monument indémodable de Michael Mann
Heat (1996) est probablement le plus grand film de Michael Mann. Un polar culte d'une précision redoutable dans lequel un policier, Vincent Hanna (Al Pacino) tente d'arrêter un braqueur, Neil McCauley (Robert De Niro). Mais bien plus que cela, Heat présente ce flic comme un prédateur qui poursuit sa proie, le criminel.
Bien qu'opposés à ce niveau-là, ils sont en réalité extrêmement similaires. Ils se comprennent, ont une fascination l'un pour l'autre et, des dires du réalisateur, ils sont "les deux seules personnes sur la planète qui sont similaires, qui dans le monde de ce film se connaissent et sont conscients de qui ils sont".
Si Heat est une telle réussite, c'est en partie par cette profondeur de ces deux personnages et leur relation si particulière. Cela, mais aussi la grande qualité de la mise en scène de Michael Mann, son approche à la fois réaliste et spectaculaire, et bien sûr le talent des interprètes. Que ce soit Al Pacino et Robert De Niro, mais également des seconds rôles, comme celui de Tom Sizemore qui, avec une poignée de scène, donne vie à son personnage de Michael Cheritto.
L'improvisation de "She's got a great ass !"
Heat est un film qu'on peut redécouvrir sans cesse pour y trouver à chaque fois de nouveaux éléments d'analyse. Il contient aussi plusieurs séquences mémorables dans lesquelles les acteurs montrent tout leur talent. Il y a bien sûr la fusillade à la sortie de la banque, ou encore la scène où Al Pacino et Robert De Niro vont prendre un café.
Mais s'il fallait retenir un passage dans lequel Al Pacino impressionne par son outrance, ce serait peut-être celle impliquant Alan Marciano (Hank Azaria), l'amant de Charlene (Ashley Judd). On y voit Vincent Hanna arriver avec son équipe dans le bureau de Marciano et l'obliger à collaborer avec la police.
Al Pacino en impose dans cette scène et amuse par son exubérance. Sa phrase, "She's got a great ass !" ("Elle a un cul génial"), qu'il hurle au visage de Marciano, rend l'ensemble absolument culte et offre un des rares moments de drôlerie de Heat. Une séquence qui a été en grande partie improvisée par Al Pacino, comme le révèle Michael Mann en commentaire audio du film.
Hank Azaria sous le choc devant Al Pacino
Le réalisateur explique que cette scène a été tournée vers la fin du planning. Et qu'au fur et à mesure d'un tournage, la manière de tourner évolue, "on s'améliore au fur et à mesure, et on commence à communiquer de façon abrégée". Ainsi, après quelques prises, Al Pacino a demandé à Michael Mann s'il pouvait se lâcher davantage et le réalisateur l'a évidemment laissé faire.
Les tactiques extrêmes de désorientation qu'a Hanna parfois, y compris cette outrance, n'étaient pas censées être dans la scène. Al et moi on s'est regardé, je savais ce qu'il voulait dire et j'ai dit vas-y. (...) Là, on entre dans "elle a un cul génial". La stupéfaction d'Azaria est réelle.
De plus, le cinéaste avait omis de préciser à Hank Azaria qu'il allait dévier du script et "que les choses seraient un peu improvisées". C'est pour cette raison que sa stupéfaction paraît aussi vraie. D'autant qu'il s'agissait pour l'acteur de son premier jour de tournage.
Je me suis rendu compte que j'avais omis de dire à Azaria qu'on dévierait du script et que les choses seraient un peu improvisées. (...) C'est un plan tourné à la fin et Hank Azaria n'avait pas vraiment travaillé sur le film avant ça. L'expression sur son visage dans ces scènes est stupéfiante, car rien de tout ça n'était écrit.