A l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, le 20 novembre 1907, et de sa mort, le 12 janvier 1977, retour sur cette légende noire du cinéma.
Henri-Georges Clouzot a secoué le cinéma des années 1940 à 1960 avec ses films noirs plongés dans une atmosphère très particulière de cruauté sordide, comme dans Le Corbeau ou Les Diaboliques.
Le drame dans la peau
A l'occasion du double anniversaire de sa naissance et de sa mort, de nombreux films et documentaires sur la vie et l'oeuvre de Clouzot refont surface et révèlent de nouveaux aspects de sa création. On y découvre notamment à quel point le cinéaste était travaillé par le problème du mal au plus profond de lui-même : dès l'âge de cinq ans, il compose sa première pièce, dans laquelle un homme empoisonne sa femme en glissant des punaises dans le pain. Après une brève tentation vers le théâtre, il se dédie peu à peu entièrement au cinéma, débutant avec un premier-long métrage très remarqué, L'assassin habite au 21 en 1942.
Scandales et cruauté
Mais c'est surtout Le Corbeau qui va propulser le réalisateur. Le film, sorti en 1943, fut extrêmement controversé en pleine seconde guerre mondiale, car il met en scène la façon dont une petite ville bouleversée par l'envoi de lettres anonymes sombre peu à peu dans la suspicion et la haine. Le film fut à la fois condamné par les forces de l'occupation, qui l'accusèrent de décourager l'envoi de lettres de délation et donc de dissuader la collaboration, et interdit à la Libération car jugé être un tableau trop noir de la France et par conséquent une preuve des affinités de Clouzot avec la collaboration...!
Le Salaire de la peur marquera la consécration de Clouzot, un film tendu par l'angoisse du début à la fin grâce à des plans d'une lenteur dévorante, qui recevra à la fois la Palme d'or à Cannes et l'Ours d'or à Berlin en 1953.
L'année suivante, il adapte Les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, et va jusqu'à mettre en scène la maladie cardiaque de sa femme, Véra Clouzot, qui y joue le rôle de la femme de Michel Delassalle incarné par Paul Meurisse, face à sa maîtresse incarnée par Simone Signoret. C'est un cas extrême de ce que beaucoup d'acteurs décrivent comme le sadisme de Clouzot, qui poussait ses acteurs à souffrir réellement physiquement pour rendre leur jeu plus "authentique".
Enfin, il se fait remarquer pour son documentaire Le Mystère Picasso déclaré trésor national par le gouvernement français, dans lequel Clouzot parvient à saisir des images magiques du peintre en action.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce réalisateur fascinant et horrifiant, la Cinémathèque française organise une exposition et une rétrospective, et Arte un cycle de diffusions disponible en replay pendant encore plusieurs semaines.