Avec "Hook ou la revanche du Capitaine Crochet", Steven Spielberg s’attaque au mythe de Peter Pan, créé par J.M. Barrie. Un long-métrage sur lequel le réalisateur a bien failli perdre son âme d’enfant, et vis-à-vis duquel il garde une certaine amertume.
Hook ou la revanche du Capitaine Crochet : retour au Pays Imaginaire
S’il est adulé par une génération de spectateurs ayant grandi avec lui, Hook ou la revanche du Capitaine Crochet reste l’un des longs-métrages les moins aimés de Steven Spielberg. Figurant parmi les nombreuses adaptations de l’œuvre de l’auteur J.M. Barrie, le film sorti en 1992 s’interroge sur ce que serait devenu Peter Pan après avoir quitté le Pays imaginaire. Et la réponse est loin d’être la plus rassurante…
Père de deux enfants, Peter Banning est aussi un avocat accro à son travail, au point d’en oublier totalement sa vie de famille. Le petit garçon qui ne voulait pas grandir a tout oublié de son passé héroïque et de ses affrontements avec le Capitaine Crochet. Mais le héros qui s’est perdu n’a d’autre choix que de faire émerger ses vieux souvenirs refoulés lorsque de retour à Londres chez Wendy, sa fille Maggie et son fils Jack sont enlevés par le redoutable pirate. Traîné de force au Pays imaginaire par la Fée Clochette, Peter va devoir réapprendre à voler.
Une expérience douloureuse pour Steven Spielberg
Tournage qui s’éternise, passant de 76 à 116 jours et d’un budget de 48 à 80 millions de dollars, gestion compliquée de la jeune troupe qui forme les Enfants perdus mais aussi de stars comme Julia Roberts, technologie insuffisante pour réaliser une œuvre à la hauteur de ses ambitions… Hook ou la revanche du Capitaine Crochet n’est pas le film sur lequel Steven Spielberg a vécu ses meilleurs moments et duquel il garde ses plus grands souvenirs de spectateur.
Tandis que son Peter Pan s’est perdu dans une vie de financier, le réalisateur s’est de son côté égaré dans la construction de son long-métrage. En 2018, le cinéaste déclare lors d’un entretien pour Empire :
Je me sentais comme un poisson hors de l'eau. Je n'avais pas confiance dans le script. Seul le premier acte et l'épilogue me satisfaisaient, le corps du film ne m'inspirait pas confiance. Je ne savais pas trop ce que je faisais et j'ai essayé de masquer mon insécurité. Plus je me sentais mal à l'aise, plus les décors étaient oppressants.
Quelques années plus tôt, en 2011, Steven Spielberg fait déjà part de ses regrets vis-à-vis des séquences se déroulant au Pays imaginaire. Au cours d’une rétrospective sur sa longue filmographie effectuée avec Entertainment Weekly, le réalisateur assure qu’il n’apprécie pas le style donné à ce monde auquel il aurait aimé se consacrer avec des effets plus modernes. Il précise à ce sujet :
Mais nous n’avions pas la technologie pour le faire à l’époque, et mon imagination se limitait à construire des décors physiques et essayer de peindre les arbres en bleu et en rouge.
Force est de constater que le côté factice de ces décors et l’aspect limité du Pays imaginaire sont deux des points faibles de Hook ou la revanche du Capitaine Crochet. Néanmoins, au-delà de ses incroyables quarante premières minutes, qui posent tous les enjeux de façon bouleversante, le film recèle tout de même de qualités une fois que Clochette fait s’envoler le héros, à commencer par les interprétations réjouissantes de Dustin Hoffman et des regrettés Bob Hoskins et Robin Williams, ainsi que la composition féerique de John Williams. Voir Peter Pan retrouver son âme d’enfant et pousser son cri fait par ailleurs toujours son petit effet, des années après…