Arte met à l'honneur la trilogie "Infernal Affairs" en proposant les trois films en replay. Retour sur le premier opus, œuvre culte qui donna lieu à un remake de Martin Scorsese avec "Les Infiltrés".
Avant Les Infiltrés il y a eu Infernal Affairs
En dépit d'une filmographie monstrueuse, Martin Scorsese a dû attendre 2007 avant d'obtenir enfin un Oscar du meilleur réalisateur. C'est avec Les Infiltrés (également Oscar du meilleur film) que le cinéaste a enfin été récompensé. Mais cela n'aurait pas eu lieu sans l'œuvre d'origine, Infernal Affairs (2002), premier volet d'une trilogie. En effet, cette histoire de flic infiltré chez des gangsters, et de malfrat infiltré dans la police, vient du film hongkongais réalisé par Andrew Lau et Alan Mak. Une œuvre remarquable à tous les niveaux, qui pour l'auteur de ces lignes surpasse même la version de Martin Scorsese. Mais ça, c'est un long débat...
Infernal Affairs est porté par les charismatiques Andy Lau et Tony Leung Chiu-wai, deux des plus grandes stars du cinéma hongkongais. Le premier joue Ming, envoyé par Sam, un parrain de la mafia, dans une école de police pour devenir son principal informateur. Dans le même temps, Yan (Tony Leung Chiu-wai) est renvoyé de la même école pour devenir une taupe au sein du milieu criminel. Des années plus tard, les deux hommes vont devoir se démasquer mutuellement pour s'en sortir.
Du grand polar hongkongais
C'est un excellent jeu du chat et de la souris qui est proposé dans Infernal Affairs, avec une tension qui monte au fil des événements. La mise en scène d'Andrew Lau et Alan Mak est d'une intelligence remarquable, faite de moments mémorables (la scène dans le cinéma, l'utilisation du bras plâtré de Yan) et de passages émouvants plus subtils. Une subtilité d'ailleurs qui manque cruellement dans Les Infiltrés, qui reprend de nombreux plans d'Infernal Affairs. En atteste la scène où Ming est confronté à son épouse. Si Martin Scorsese surligne tout par des dialogues, Andrew Lau et Alan Mak privilégient l'usage d'une musique et font confiance au spectateur pour comprendre ce qui se joue à cet instant.
De plus, au milieu de l'intrigue policière, il y a surtout deux hommes qui, après des années à vivre dans "le mauvais camp", ne savent plus vraiment qui ils sont. C'est surtout le cas de Ming, qui se sent comme un véritable flic et qui aimerait pouvoir décider de son destin. Ainsi, même ses choix les plus contestables sont compréhensibles, permettant une forme d'empathie. Reste que Yan demeure le plus touchant des deux tant. Notamment grâce à sa belle relation avec la psychiatre jouée par Kelly Chen.
C'est cette complexité des personnages qui fait d'Infernal Affairs un film passionnant, qui plus de vingt ans après n'a pas pris une ride. Énorme succès lors de sa sortie à Hong Kong, le long-métrage a acquis au fil du temps un statut de film culte. Il est actuellement disponible sur le replay d'Arte jusqu'au 4 mai 2024, tout comme le prequel Infernal Affairs 2 et la suite Infernal Affairs 3.