Cette semaine, j'ai passé un coup de fil à Gela Babluani, réalisateur, producteur et scénariste très inspiré et peu superstitieux du fantastique 13 Tzameti. Prix de la meilleure première œuvre à Venise, grand prix du jury au Festival de Sundance, le premier long-métrage en noir et blanc du franco-géorgien Gela Babluani va bientôt ensanglanter les écrans. L'occasion de lui passer un p'tit coup de fil, à quelques heures du grand jour, juste histoire de prendre la température et percer le mystère du numéro 13…
Vous êtes superstitieux ?
Non, pas vraiment.
Est-ce que vous pensez que le chiffre 13 porte bonheur ?
Il peut porter bonheur comme il peut porter malheur… Ca dépend des pays, des gens… Le 13 a une double signification.
Il vous porte bonheur à vous ?
Pour l'instant, oui, on verra…
Vous êtes joueur ?
Je ne vais pas au casino, si c'est votre question ! (rires) Mais j'aime les paris impossibles.
Et 13 Tzameti, c'était un pari impossible ?
Oui ! Ca a été très dur de réunir une équipe de 150 personnes pour toute cette aventure, parce qu'en réalité, on est parti sans rien… C'est l'étape « production » qui a été la plus difficile, trouver les fonds, les soutiens, les gens qui allaient croire en cette histoire.
C'était quoi votre but ?
J'avais envie de faire un film sur les rapports humains. Une sorte de métaphore de la vie de tous les jours… Faire un film sur la manipulation, l'élimination des uns et des autres, le tout autour d'un jeu - ou plutôt d'une compétition.
Pourquoi avoir tourné votre film en noir et blanc ?
Parce que j'adore le noir et blanc ! (rires) Et puis parce que je voulais accentuer le côté hyper réaliste du film.
Vous croyez que 13 aurait pu exister en couleur ?
Je ne sais pas, moi je l'ai vu tout de suite en noir et blanc, j'ai senti l'histoire, les personnages en noir et blanc… Vraiment, je ne sais pas. Je n'y ai même pas pensé en fait.
Vous pouvez nous expliquer pourquoi vous avez choisi ce titre ?
Encore une fois, il y a cette double signification, le revers de la médaille. 13, c'est le numéro attribué au personnage, et Tzameti… Et bien cela veut dire 13 en géorgien ! Il y a une répétition du titre en fait.
Et sinon, vous connaissez beaucoup de gens qui jouent à la roulette russe, vous ?
J'en ai connu oui ! Ce n'était pas des joueurs professionnels, hein, mais effectivement, ils y jouaient…
… Ah !!!
Oui, oui. Mais ils ont arrêté maintenant !
Ah d'accord. D'ailleurs, en parlant de ça, vous savez où a lieu la prochaine réunion des joueurs que l'on rencontre dans votre film ?
Euh… dans les salles de cinéma ? Non ? (rires)
Qu'est-ce vous répondez aux gens qui comparent votre film à Fight Club ?
Rien… !
… Rien ? Rien du tout ?
Non, je ne sais pas, je ne suis ni flatté ni agacé… En même temps je ne suis pas très objectif ! Mais bon, je pense que c'est l'existence de ce monde un peu à part qui peut rapprocher mon film de celui de David Fincher.
Ok. Et sinon, qu'est-ce que vous faites demain ?
Je serais en salle de montage pour travailler sur mon second long-métrage…
Vous pouvez nous en parler ?
Euh… (il hésite) C'est un film que j'ai fait avec mon père… et… euh… une nouvelle fois le sujet sera très dur - mais différent… Voilà…
Une fois le téléphone raccroché, les bip bip résonnent dans ma tête comme les coups de feu des joueurs de 13 Tzameti… (Mince, il y a des gens qui jouent vraiment à la roulette russe !!!!) En revanche, une chose est sûre : le film percute comme un uppercut - et le cinéma de genre vient de trouver un nouveau réalisateur. Rendez-vous dans les salles - et n'oubliez pas vos armes !
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Propos recueillis, au téléphone, par Aurélie Maulard (Paris, janvier 2006)