Dans "Intraçable" Diane Lane joue une agent de la section cybercriminalité du FBI chargée de traquer un tueur qui sévit sur Internet. Un film plus réaliste qu'on ne le croit grâce aux conseils de vrais agents.
Intraçable : Diane Lane traquée sur Internet
Les tueurs en série ont depuis longtemps inspiré le cinéma et passionné les spectateurs. En atteste Manhunter (1986), Le Silence des agneaux (1991) ou encore Seven (1995). Mais au milieu des années 1990, le Web étant devenu de plus en plus accessible au grand public, les scénaristes hollywoodiens ont trouvé bon de s'en servir pour ces thrillers.
Car avec Internet, tout un tas de fantasmes et de craintes liées à cet outil sont nés. Parmi les non-chefs-œuvres du genre, on a ainsi pu découvrir par exemple Terreur.com (2003), qui voit des gens mourir après s'être connecté à un site internet, ou encore Intraçable (2008), dans lequel un tueur torture et exécute des innocents en direct sur le Web.
L'intrigue se déroule à Portland et voit Jennifer Marsh (Diane Lane), en poste au sein de la section cybercrime du FBI. Son travail consiste à traquer les hackers et les fraudes. Jusqu'au jour où elle découvre le site killwithme.com qui montre une vidéo en direct. Celle d'un chat dans un lieu sinistre, avec une question qui l'est tout autant : le chat doit-il mourir.
Rapidement, l'homme à l'origine du site voit plus gros et kidnappe un homme innocent en indiquant aux utilisateurs, que plus ils seront nombreux sur le site, plus vite arrivera sa mort. Jennifer va donc devoir enquêter sur ce criminel aux côtés de son collègue Griffin (Colin Hanks) et de l'agent Eric Box (Billy Burke), tout en protégeant sa famille.
Les conseils du FBI
Aujourd'hui, notre rapport à Internet a évolué. Et même si cela peut toujours être utilisé à des fins criminelles, le Web n'est plus objet de fantasmes mais bien un outil de notre quotidien. Dès lors, des années après sa sortie, Intraçable pourrait faire sourire. Sauf que le film s'est avéré être plutôt réaliste dans sa manière de traiter son sujet et de représenter des agents comme Jennifer.
Pour ce rôle, Diane Lane a pu bénéficier d'une formation du FBI. Les équipes des décors ont également pu travailler sur des conseils d'un ancien agent du FBI, Ernest Hilbert, comme l'expliquait le réalisateur à MTV, et comme on peut le voir dans le making of (ci-dessous à 1min18).
Le fait que Diane Lane utilise trois ordinateurs n'est pas un choix stylistique, mais une nécessité du FBI. Vous ne pouvez pas accéder à Internet à partir de votre ordinateur de bureau. Il y a une raison à cela. Si votre ordinateur est sur Internet, il peut être piraté. Le réseau du FBI est donc complètement séparé.
Ernest Hilbert a donc vérifié le scénario d'Intraçable pour amener son expertise et assurer le plus de cohérence possible. Interrogé par Networkworld, il est revenu en détail sur son travail pour le long-métrage :
Je leur ai essentiellement dit que c'était une idée plausible mais qu'ils devraient changer beaucoup de choses pour être techniquement précis. (...) Ils ont tout fait pour le rendre aussi réaliste que possible et le réduire à moins de deux heures. Le scénario en demande beaucoup plus, mais la vérité est qu'il est vraiment ennuyeux de regarder des agents assis derrière un ordinateur en train de taper et d'exécuter des recherches. Personne ne voudrait regarder ça.
Un peu de liberté, mais pas tant que ça
Il a donc logiquement été nécessaire de rendre Intraçable le plus captivant possible en ne se limitant pas uniquement au quotidien d'un agent comme Ernest Hilbert. Il a d'ailleurs admis une liberté prise sur la capacité du FBI à fermer un site.
L'année dernière, lorsqu'ils ont écrit le scénario et commencé à tourner le film, il fallait au moins une semaine - voire deux dans certains cas - pour qu'un nom de domaine soit mis sur liste noire s'il était basé aux États-Unis. Désormais cela peut prendre 24 heures selon le contexte. Est-ce que cela rend l'histoire moins plausible ? Non. Oubliez le fait qu'il est question d'un nom de domaine et gardez l'information que cela passe par des adresses IP qui s'enchaînent. Ces adresses IP ne sont que des miroirs de l'adresse IP d'origine. Je peux mettre une adresse IP sur liste noire - si c'est aux États-Unis. Mais si c'est international, ce ne sont pas les mêmes règles.
Un autre élément du film sur lequel l'agent du FBI est revenu concerne la capacité du tueur à trouver des informations personnelles sur Jennifer. Et même son domicile. Là aussi cela pourrait sembler être une situation totalement irréaliste, mais ce n'est pas le cas. D'une part, car les agents du FBI ne sont pas entièrement cachés au public. Et d'autre part, car la méthode employée dans le film pour trouver l'adresse est vraiment crédible.
Quelqu'un comme moi qui fait des présentations pour le FBI peut avoir des méchants à ses trousses, que je sois sur leur affaire ou non. Mes informations sont disponibles, mais j'ai pris les mesures appropriées. (...) (Pour l'adresse du domicile de l'agent) ce n'est pas une attaque externe. C'est pas le biais de sa fille via un jeu vidéo. Et c'est une méthode très simple. (...) Vous téléchargez un mauvais logiciel avec un virus ou un cheval de Troie dedans, et vous êtes vulnérable. Cela peut arriver - cela arrive.
Sur le papier, Intraçable avait donc quelque chose d'effrayant étant donné les risques réels liés à Internet. Dans les faits, c'est plus dans son intrigue et sa mise en scène que le film peine à vraiment captiver.