Ce soir C8 diffuse "Peur sur la ville", un polar à l'américaine d'Henri Verneuil, très influencé par "L'Inspecteur Harry". Dedans, Jean-Paul Belmondo se livre à une cascade folle sur le toit du métro.
Peur sur la ville : Jean-Paul Belmondo en flic
Souvent dirigé par des auteurs de renom et de La Nouvelle Vague, Jean-Paul Belmondo entame un virage dans sa carrière après l'échec de Stavisky (1974) d'Alain Resnais. Un film boudé par la presse et le public lors de sa sortie en salles. L'acteur revient l'année suivante à un cinéma plus populaire avec Peur sur la ville (1975) d'Henri Verneuil. Un polar à l'américaine dans lequel il incarne pour la première fois un policier, et se livre, comme souvent, à des cascades impressionnantes. Le long-métrage est particulièrement sombre, loin des joyeusetés auxquelles on a tendance à associer Bébel.
Dans Peur sur la ville, Jean-Paul Belmondo joue le commissaire principal Jean Letellier, qui doit enquêter sur une affaire qui ne le passionne pas : la mort d'une femme tombée de son balcon. Car le policier sait que le gangster Marcucci est de retour à Paris. S'il lui avait échappé deux ans auparavant, et avait tué un de ses collègues, Letellier compte bien l'arrêter cette fois-ci. Sauf qu'un homme contact le policier en se faisant appeler Minos. Il affirme être responsable du meurtre de la femme au balcon, et qu'il s'en prendra à toutes les femmes infidèles et un peu trop libertines. Letellier n'aura pas d'autre choix que de se concentrer sur la traque de ce tueur en série.
On retrouve dans Peur sur la ville une ambiance des films policiers américains de l'époque. Plus particulièrement ceux de la saga L'Inspecteur Harry (1971-1988) portée par Clint Eastwood, dont Henri Verneuil transpose les codes. On a ainsi un flic aux méthodes expéditives opposé à un tueur en série très inquiétant (Scorpion dans le premier film L'Inspecteur Harry). D'ailleurs, le hasard veut que Belmondo tourna Peur sur la ville au même âge que Clint Eastwood (41 ans) lorsqu'on le découvrait en Harry Callahan en 1971.
La cascade du métro
Comme l'écrit Guillaume Evin dans Belmondo, le livre toc, toc, badaboum !, à cette époque, "Henri Verneuil est le plus hollywoodien des cinéastes français, le seul dans ces années-là à pouvoir ficeler un film d'action choc qui ne fasse pas toc". La preuve, avec une des cascades les plus folles de Jean-Paul Belmondo dirigée par le réalisateur. En pleine poursuite, Letellier se retrouve sur le toit d'une rame de métro. Pour Belmondo, c'est l'occasion de jouer les Tom Cruise bien avant l'heure.
Aucun trucage visuel n'a été utilisé. Seul le son ayant été modifié pour correspondre au bruit d'un train roulant à plus de 60km/h. Le danger fut donc réel pour Jean-Paul Belmondo, aplati dans un tunnel avec seulement dix ou vingt centimètres d'espace au-dessus de sa tête, et un train qui roule à plus de 50km/h. L'acteur expliqua à ce sujet :
Vous êtes accroché là-dessus, le métro entre dans la station et là, dans une fraction de seconde, il fallait que je me lève, que je coure sur le toit de la rame, que je saute sur l'autre wagon, puis le métro repartait et je replongeais".
L'autre difficulté pour Jean-Paul Belmondo dans cette scène, est qu'il devait se placer au centre du train, sans quoi un appel d'air risquait d'emporter ses bras ou ses jambes. Malgré toutes les précautions, l'acteur n'en ressorti pas indemne puisqu'il se blessa au bras. C'est d'ailleurs avec un plâtre qu'il reprit le tournage de cette séquence et du reste film. Mais à la clé, Peur sur la ville fut un succès avec près de 4 millions d'entrées.