Dans "#JeSuisLà" Alain Chabat interprète un homme qui décide sur un coup de tête de rejoindre une femme en Corée du Sud qu'il n'a connue que par les réseaux sociaux. Une histoire qui s'inspire d'un fait divers.
Alain Chabat veut retrouver Bae Doona dans #JeSuisLà
Après les succès de Prête-moi ta main (2006) et La Famille Bélier (2014), Éric Lartigau a proposé en 2020 une œuvre plus intimiste et sobre avec #Jesuislà. L'occasion pour le réalisateur de retrouver Alain Chabat qui interprète dans le film Stéphane, un chef cuisinier qui vit au Pays Basque. Quand il n'est pas occupé par son travail, Stéphane s'évade en discutant sur les réseaux sociaux avec Soo (Bae Doona), une femme sud-coréenne qui vit à l'autre bout du monde.
Bien qu'ils échangent au quotidien, Soo reste une inconnue qu'il n'a jamais rencontrée en vrai. Mais sur un coup de tête, Stéphane prend la décision folle de partir la rejoindre en Corée du Sud. Et ce, sans la prévenir au préalable. Stéphane arrive alors à l'aéroport, mais à défaut d'y retrouver Soo, qui logiquement ne voit dans son geste rien de romantique, devient un petit phénomène sur Instagram en s'affichant sur les photos d'inconnus.
Avec #JeSuisLà, Éric Lartigau joue ainsi d'abord sur les codes de la comédie romantique. Puis, il interroge sur nos rapports aux réseaux sociaux et aux autres dans le monde réel. Le geste de Stéphane étant particulièrement violent pour Soo qui voit un inconnu débarquer dans sa vie du jour au lendemain.
Un fait divers à l'origine du film
Devant cette comédie sympathique, on pourrait se dire que le scénario d'Éric Lartigau et Thomas Bidegain n'est que pure fiction. Pourtant, le réalisateur est bien parti d'un fait divers qui lui a été raconté par le producteur Édouard Weil. Une histoire vraie improbable entre un Suédois et une Chinoise, comme il le racontait dans le dossier de presse de #JeSuisLà.
L’histoire d’un Suédois qui rencontre une Chinoise sur Internet et qui se rend en Chine, avec le désir de l’épouser. Mais à l’aéroport, la jeune fille n’est pas là et ne donnera aucun signe de vie. Cet homme entame immédiatement une grève de la faim. Au bout d’une semaine, il est rapatrié sanitaire.
D'après le cinéaste, un "petit buzz" est né de cet événement au moment des faits. Mais ce Suédois n'aurait pas été un cas unique. Lors de l'arrivée de la production du film en Corée, l'ambassade leur a raconté que ce phénomène arrivait "quatre fois par mois" avec des gens obligés d'être "rapatriés après être venus à la rencontre de Coréennes, avec lesquelles ils n’ont jamais pu faire connaissance".
Éric Lartigau a alors été fasciné par cette histoire. Et il a souhaité en tirer de vrais questionnement sur l'amour fantasmé via le monde virtuel.
C’est la porte ouverte au fantasme, à la possibilité d’un amour trop idéalisé. Chacun peut aisément se fabriquer son histoire. J’ai été happé par l’idée d’essayer de comprendre le mécanisme qui anime une personne en quête d’amour et d’absolu ; et son corollaire : que se passe-t-il lorsque le fantasme se transmue en réalité concrète ?
Le scénario de #JeSuisLà reprend donc cette base. Mais il s'écarte ensuite dans sa finalité. Stéphane, plutôt que d'être rapatrié immédiatement, parvient à se remettre en question dans une troisième partie où il va également se réconcilier avec son fils.