Comment cet "oubli" de Keanu Reeves a tout changé pour John Wick

Comment cet "oubli" de Keanu Reeves a tout changé pour John Wick

Tout a commencé avec le meurtre du chiot de la mauvaise personne. Pour lancer ce film de vengeance, cette idée a suffi et le titre "imposé", consciemment ou pas par Keanu Reeves, l'a sublimé.

Le mythe John Wick

John Wick fête ses dix ans. Et, plus le temps passe et qu'avec lui la saga enchaîne les succès, plus se fait clair qu'il y a eu du génie, de l'audace et de la chance au moment de lancer le premier film. Durant tout sa production, le long-métrage de David Leitch et Chad Stahelski a cherché son identité. Ce thriller d'action néo-noir devait-il être une intrigante histoire de gangsters et de vengeance, un film plot driven avec ses retournements de situations et son édifice moral, ou alors un film de "personnage", character driven, biopic d'un demi-dieu de la mort et édification d'un mythe ? Pouvait-il être les deux ?

La production a été complexe, et sa distribution d'autant plus. Il aura fallu monter la version qui convaincrait Lionsgate de le distribuer - d'abord a minima - et ravirait le public du Festival du film d'Austin, déclenchant alors un bouche-à-oreille puissant qui en ferait un succès immédiat lors de sa sortie en salles fin octobre 2014. Produit pour 20 millions de dollars, il en rapporte 14 millions dès son premier week-end et finira son exploitation dans les cinémas avec un box-office mondial s'élevant à 86 millions de dollars de recettes. Cerise sur le gâteau, la critique est majoritairement enchantée.

Quels ont été les éléments déterminants de ce succès ? Ils sont nombreux, mais il y a deux choses qui ont largement suffi à convaincre, résumés dans une phrase : "Ils n'auraient pas dû tuer son chien."

Un chien et un titre

La naissance du mythe John Wick, plus que le deuil de l'amour de sa vie, tient au meurtre de son chiot. Un cadeau que sa femme, condamnée par la maladie, lui avait préparé pour alléger sa solitude une fois qu'elle serait morte. C'est donc bien le meurtre du chiot par le fils d'un caïd de la mafia russe de New York qui constitue immédiatement le personnage et en appelle à l'empathie du public. Et c'est exerçant sa vengeance que tout le monde comprend qu'ils n'auraient pas contrarier "John Wick", le mythe, le "Baba Yaga".

Au tout début de sa promotion, le film ne s'appelait pas John Wick mais Scorn. Ce titre était celui de l'histoire créée et scénarisée par Derek Koldstad. Scorn, qu'on peut traduire par "mépris", était donc le titre original et validé. Problème, qui a cependant fini par être une solution miraculeuse, Keanu Reeves devant la presse se référait au film en l'appelant "John Wick". Comme le rappelait Derek Kolstad dans une interview à Comic Book en 2020 :

La seule raison pour laquelle le film s'appelle "John Wick" est parce que Keanu n'arrêtait pas de l'appeler comme ça. Donc le département marketing a dit : "Mec, c'est 4 ou 5 millions de publicité gratuite, donc c'est "John Wick" au lieu de "Scorn"." Aujourd'hui, je ne peux pas imaginer le film titré Scorn.

Un "oubli" très efficace

Keanu Reeves a ainsi tôt compris que la simplicité de l'intrigue suffisait et que tout l'enjeu du film était son personnage principal. Et Scorn, titre valable au titre qu'il évoque la notion, le sentiment qui anime le personnage, n'est pas aussi constitutif de celui-ci que ne l'est, tout simplement, son nom. Sincère ou pas, cet "oubli" du titre original de la part de Keanu Reeves a en tout cas été bénéfique, sur tous les plans, pour ce film culte et premier opus d'une saga à succès.