Depuis sa sortie en 2019, nombre de spectateurs, critiques et cinéastes ne cessent de débattre sur "Joker". A son tour, Quentin Tarantino revient sur le film. S'il a aimé le film, une scène en particulier l'a grandement marqué.
Joker : le succès surprise à 1 milliard de dollars
Lorsque le projet d'une origin story du célèbre ennemi de Batman est officiellement dévoilé en 2017, beaucoup ne cachent pas leurs craintes. En effet, le Joker est un personnage réellement apprécié des fans. Surtout, certains interprètes qui ont porté le costume du "vilain" par le passé ont réellement marqué les esprits (Jack Nicholson, Heath Ledger, Mark Hamill qui double le Joker dans certains films d'animation...). Autant dire que le film réalisé par Todd Phillips, et avec Joaquin Phoenix, dans le rôle titre, ne partait pas gagnant.
Et pourtant...1 milliard de dollars engrangés plus tard, Joker a mis tout le monde d'accord, ou presque. En effet, malgré son succès commercial, ses nombreuses critiques dithyrambiques, ses deux Oscars (premier film de super-héros à les obtenir) et son inscription en lettres d'or dans la pop-culture (le film est devenu un symbole de certains mouvements sociaux), le long-métrage continue à alimenter de vifs débats. On se souvient par exemple de Martin Scorsese (producteur du film) qui s'est servi de la qualité artistique de Joker pour critiquer le reste des films de super-héros, en particulier ceux du MCU. Dans un autre registre, David Fincher s'est montré froid envers le succès du film, estimant que sans le succès de The Dark Knight, Warner Bros n'aurait pas mis un dollar sur ce film.
Dans tous ces affrontements idéologiques, il ne manquait qu'une seule parole : celle de Quentin Tarantino. Car qui d'autre qu'un réalisateur subversif pour parler d'un film subversif ?
Flinguer un présentateur de télé, c'est cool, selon QT
Avant d'être l'un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma, Quentin Tarantino est un cinéphile passionné. Sans surprise, il a vu le long-métrage de Todd Phillips. Dans un entretien avec le cinéaste britannique Edgar Wright, pour les besoins du magazine Empire, il est donc revenu sur un film qu'il a apprécié et qu'il décrit comme délicieusement subversif. D'ailleurs, selon lui, une séquence-clé du film définit sa subversion à elle toute seule : celle du meurtre du présentateur Murray Franklin par le Joker, en plein direct.
Une scène désormais culte qui a donc fait réagir le réalisateur :
C'est de la grande subversion. Ce qui est profond dans cette scène, ce n'est pas seulement pour la surprise qu'elle exerce, pas plus que la fascination ou l'excitation qu'elle peut produire. C'est surtout la manière dont le réalisateur subvertit le public car le Joker est un putain de cinglé. Le personnage de De Niro n'est pas un méchant de cinéma. Il ressemble à un con, mais ce n'est pas plus un con que David Letterman. C'est juste un con de comédien, un mec de talk-show. Il ne mérite pas de mourir. Pourtant, lorsque le public regarde le Joker, il veut que celui-ci tue De Niro. Il veut qu'il prenne ce flingue, qu'il le lui colle entre ses yeux et qu'il lui fasse sauter sa putain de tête. Et si le Joker ne le faisait pas ? Vous seriez énervé. C'est de la subversion de haut niveau, ça ! Ils ont amené le public à penser comme un putain de fou et à vouloir qu'Arthur tue Murray. Et les spectateurs mentiront à ce sujet ! Ils diront : «Non, je ne voulais pas que ça arrive !» Mais ce seront des putains de menteurs, car ils l'ont voulu.