La comédie américaine devenue culte ne cesse de faire parler d’elle depuis sa sortie sur les écrans en 1993. À l’occasion de son vingt-cinquième anniversaire, un combo Blu-ray et Blu-ray 4K est commercialisé depuis le 9 mars 2018.
Après avoir engrangé près de 91 millions de dollars de recettes internationales, Un Jour sans fin s’est imposé comme l’une des comédies les plus populaires. Acclamé, le scénario tiré de la plume de Danny Rubin (Freaky Friday) a ainsi remporté un BAFTA Award en 1994 grâce à son cocktail mêlant romance et fantastique. Si Harold Ramis (Extreme Ghostbusters) est principalement crédité pour son rôle de réalisateur, il a aussi participé à l’élaboration du script final.
Un Jour sans fin : une œuvre ancrée dans la mémoire collective
Phil Connors (Bill Murray) fait carrière à la télévision en tant que journaliste et présentateur de la météo. Le spectateur ne tarde pas à cerner ce personnage qualifiable d’égoïste, d’égocentrique, et de terriblement antipathique. Non, il ne s’agit pas du héros bon samaritain que tous apprécieraient voir rejoindre son cercle de relations. L’intrigue débute à la veille du « jour de la marmotte » (d’où le titre original Groundhog Day), tandis qu’il se rend dans la bourgade de Punxsutawney. Après y avoir couvert l’événement, s’ensuit un phénomène mystérieux : l’homme revit cette journée de célébrations du 2 février encore… et encore.
Déjà au début des années 1990, les boucles temporelles avaient été traitées notamment dans Star Trek : La Nouvelle Génération. Mais, suite à l’engouement déclenché par Un Jour sans fin, de nombreuses fictions ont tenté une approche plus ou moins réussie. Parmi elles : X-Files, Supernatural, Fringe et Edge of Tomorrow.
La particularité du long métrage est qu’il a marqué les esprits de communautés religieuses et de mouvements spirituels comme le confesse Ramis dans les bonus. Pourquoi ? Car Un Jour sans fin a une portée très philosophique, sociale et psychologique. Phil n’est pas uniquement le cruel de service comme ses actes le laissent penser, mais bel et bien un individu manquant de confiance en lui. La répétition perpétuelle de ces mêmes 24 heures se révèlent être une véritable bénédiction, forgeant petit à petit son épanouissement personnel.
Avant d’y parvenir, le protagoniste affronte moultes défis, et sa lassitude, couplée à un renoncement morbide, le poussent au suicide à multiples reprises. Pourtant, l’œuvre de 101 minutes ne s’attarde pas et se refuse aux instants dramatiques. Ce parcours en dents de scie n’en demeure pas moins relativement comparable à celui d’une personne en cure de désintoxication par exemple. Efforts, rechutes, désespoir… Tant d’aléas le conduisant droit en direction du bonheur et de la maturité, loin du cynisme l’ayant autrefois décrit. Par ses bonnes actions, il se défait de ses préjugés en considérant l’autre comme digne d’attention, de considération et de tolérance.
Le film dénonce également la routine et l’impression d’emprisonnement que cette dernière peut entraîner. Comment s’y prendre pour que chaque jour soit différent des précédents ? Est-ce possible de pas s’engluer dans des habitudes et un schéma de vie que l’on s’est soi-même imposé ?
Jamais départi de son humour propre, Un Jour sans fin constitue un parcours initiatique pour le journaliste. Il insiste aussi sur l’importance d’être ancré dans le présent et de profiter de chaque instant sans être pour autant moralisateur. Carpe diem.
L’un ou l’autre ?
Distribué depuis février 2009 par Sony Pictures, le Blu-ray n’a jamais connu de réédition particulière. Dommage, puisqu’un steelbook soigné est commercialisé en Allemagne et en Angleterre. Le disque est cependant fourni dans un pack contenant le Blu-ray 4K, une exclusivité FNAC.
Une guerre technologique : Blu-ray vs Blu-ray 4K
Sony n’a pas communiqué d’où provient la source utilisée pour le support dernière génération, bien qu’il s’agisse probablement d’un scan 4K des négatifs. La gestion du grain est mesurée, introduisant une ambiance filmique agréable synonyme des tournages sur pellicules. Les textures sont riches, qu’il s’agisse des tissus, du grain de peau, des accessoires, etc. Évidemment, le spectateur doit prendre en compte qu’il s’agit d’un métrage datant d’il y a un quart de siècle et qu’il peut ne pas correspondre aux attentes visuelles de tous.
L’option HDR est respectueuse du ton original désiré en boostant la vibrance des couleurs toujours atténuées afin de rappeler cette fin hivernale. Les niveaux de noirs sont profonds tout en permettant une délinéation supérieure entre les acteurs et leur ombre. L’un ne se mélange jamais à l’autre. En outre, les lumières vives sont contrôlées et n’abîment pas les yeux.
La piste anglaise est disponible en Dolby Atmos, tandis que le doublage français est en Dolby Digital 5.1.
Malheureusement, la galette bleue accompagnant le Blu-ray 4K ne bénéficie pas du même master. Ce dernier n’est qu’un nouveau pressage d’un disque datant de la préhistoire. Si sa qualité technique était appréciable il y a près d’une décennie, aujourd’hui elle laisse à désirer. Vieillissantes, les images sont fades mais présentent des noirs corrects. Ni la définition ni la profondeur ne sont extraordinaires, mais l’absence de réduction de grain et leur propreté sont des atouts jouant en leur faveur. Pour résumer : la version 1080p est bonne mais se trouve à des années-lumières du master 2160p qui apporte une dose de fraîcheur bienvenue.
Quant aux pistes sonores, l’anglais, le français et le portugais sont encodés au format Dolby TrueHD 5.1. L’audio original est recommandé pour sa spatialisation accrue qui ne nuit pas aux dialogues parfaitement intelligibles. Le mixage des chansons telles que You Don't Know Me et Pennsylvania Polka est un sans-faute. La VF est, elle, moins expressive et plus en retenue. Elle pèche donc par son manque de dynamisme.
Des bonus auxquels consacrer du temps
Aucune nouveauté n’est incluse dans le Blu-ray standard, et le disque 4K est simplement dénué de suppléments. Regrettable pour une édition dite « 25ème anniversaire ». Mis à part cette opportunité manquée, l’interactivité ne déçoit pas !
- BD Live : les lecteurs étant connectés à internet aboutiront sur le portail de Sony Pictures Home Entertainment pour accéder à des bandes annonces.
- Commentaire du réalisateur Harold Ramis : encodé en Dolby Digital 2.0. Source d’informations incroyable, Ramis partage de nombreuses anecdotes et revient sur le tournage des scènes.
- Un jour par comme les autres : interview d’Harold Ramis (9:58 min) : ce bonus a été tourné en 2008 en HD. S’il aurait pu être allongé d’une dizaine de minutes pour être plus exhaustif, il est pertinent et ponctué de photographies prises lors du tournage. L’homme revient sur l’impact d’Un Jour sans fin, mentionnant l’avis des psychiatres ainsi que de la communauté yoga. Durant quelques minutes, il s’arrête sur Scooter, la marmotte-star du film, avant d’enchaîner sur le casting. Pourtant envisagé, Tom Hanks (Pentagon Papers) a laissé sa place à Bill Murray.
- Le poids du temps (24:44 min) : présenté en 4/3 et monté en 2001, il s’agit d’un supplément ayant pris un sacré coup de vieux. Faisant office de making of, il est loin d’être dénué d’intérêt. Bien au contraire. L’équipe technique et la distribution abordent des sujets variés comme les différences entre le scénario original et le montage final, puis le processus du casting. Ils s’arrêtent aussi sur le temps glacial ayant menacé la production, ainsi que la valeur du temps.
- Documentaire sur les marmottes (6:24 min) : rendez-vous au laboratoire biologique du Rocky Mountain. La featurette est présentée par un professeur de biologie nommé Dan Blumstein, et par le fondateur de l’étude animalière lancée en 1962 : Ken Armitage, professeur d’écologie. Tous deux reviennent sur les quatorze espèces existantes, sur leur mode d’habitation et de leurs moyens de protection, leur comportement social, etc. Le but de la recherche est de déterminer l’impact induit par le climat et l’environnement sur le stress.
- Picture-in-picture : parfait pour les plus curieux. Au cours du film, l’interprète du dynamique Ned, Stephen Tobolowsky (Au fil des jours), débarque afin de révéler des anecdotes en rapport avec la scène en cours. La marmotte de Punxsutawney dont les apparitions sont fréquentes n’est pas non plus dénuée de renseignements !
- Scènes supplémentaires (5:53 min) : six scènes sont proposées en SD (qualité standard) au format 4/3. La qualité est mauvaise, et les images sont salies par de nombreuses griffures et autres anomalies. Le montage est brut, par conséquent l’ambiance sonore est moindre.
- Films-annonces : Le Blu-ray : la haute définition (2:27 min), La Panthère Rose (1:37 min) et Les aventures du Baron Münchausen (52 secondes).