K-19 Le Piège des profondeurs : pourquoi le film a provoqué la colère des survivants du sous-marin ?

Une représentation insultante ?

K-19 Le Piège des profondeurs : pourquoi le film a provoqué la colère des survivants du sous-marin ?

Lorsqu'ils découvrent le script de "K-19 : Le Piège des profondeurs", les survivants du sous-marin s'insurgent contre la représentation de leur équipage et de la tragédie qu'ils ont vécue. Si Harrison Ford comprend leur point de vue, il défend fermement le film de Kathryn Bigelow.

K-19 Le Piège des profondeurs : un thriller haletant inspiré d'une tragédie

Avant Zero Dark Thirty et Detroit, Kathryn Bigelow s'inspire déjà d'une histoire vraie pour K-19 : Le Piège des profondeurs. Sorti en 2002, ce long-métrage se déroule en pleine guerre froide, au début des années 60. Alors que les États-Unis ont placé des sous-marins nucléaires à des endroits stratégiques, l'URSS décide de riposter. Pour cela, la construction du K-19 est achevée à la hâte malgré les mises en garde du commandant Mikhail Polenin (Liam Neeson) sur les délais beaucoup trop courts.

Ce dernier est rétrogradé au rang de commandant en second et remplacé par Alexei Vostrikov (Harrison Ford). Une fois que le sous-marin est envoyé dans l'Atlantique nord et qu'il a pour mission de se placer près de l'est des États-Unis, le nouveau commandant en chef découvre rapidement les défaillances de l'engin.

K-19 : Le Piège des profondeurs
K-19 : Le Piège des profondeurs ©Paramount Pictures

La situation vire au drame lorsque le système de refroidissement du réacteur principal tombe en panne. Isolés, les hommes du K-19 doivent tout mettre en oeuvre pour éviter une catastrophe nucléaire et une crise mondiale. S'exposant à des radiations mortelles, des marins acceptent de se sacrifier pour tenter de le réparer.

Peter Sarsgaard, Christian Camargo et Sam Spruell complètent la distribution de ce thriller haletant et poignant, qui se base donc sur une tragédie survenue le 4 juillet 1961 ayant coûté la vie à huit marins. Un long-métrage que Kathryn Bigelow peut tourner grâce à la normalisation des relations entre les États-Unis et la Russie. Durant la production, la cinéaste peut compter sur l'expertise de plusieurs membres des autorités russes, qui la conseillent sur la crédibilité des manoeuvres et des protocoles.

La colère des survivants

En 2002, CNN révèle qu'Harrison Ford est parti à la rencontre des survivants du K-19, notamment pour leur présenter le script. Les rescapés du sous-marin n'ont pas manqué de lui faire savoir qu'ils n'ont pas du tout apprécié le scénario. Selon eux, il dépeint un navire constamment en panne et présente un équipage continuellement ivre, ce qui est totalement faux d'après leurs propos.

Électricien sur l'engin, Victor Strelez reproche également le regard hollywoodien sur le sujet :

Je ne pense pas que les Américains peuvent retranscrire ce que nous avons vécu. Seul un Russe avec une mentalité russe peut le retranscrire.

K-19 : Le Piège des profondeurs
K-19 : Le Piège des profondeurs ©Paramount Pictures

Iouri Moukhine, ancien capitaine de corvette, ajoute, cité par Comme au cinéma :

La réalisatrice américaine nous avait promis de nous présenter comme des héros mais nous avons l'air d'alcooliques et d'analphabètes. Ce ne sont pas des marins russes qui sont représentés dans ce film, mais des pirates. (…) C'était le premier sous-marin nucléaire russe et l'équipage était composé de professionnels de très haut niveau, pas de voyous.

Un résultat final bien différent selon Harrison Ford

Cité par l'Irish Examiner en 2002, Harrison Ford explique qu'il comprend les réticences des membres de l'équipage. L'acteur et producteur de K-19 : Le Piège des profondeurs défend néanmoins le film de Kathryn Bigelow, bien différent du script initial selon lui :

Nous étions à la base considérés comme une bande de railleurs d'Hollywood, c'est pour ça qu'ils ne nous faisaient pas confiance. Et ils avaient vu une toute première version du scénario, qui ne représentait pas du tout ce que je considère comme le produit final.

L'autre point à retenir est que ce sont des sous-mariniers, pas des cinéastes. Ils sont russes. Ils mènent une vie bien différente. Je pense que leur première réaction a été de vouloir que l'on raconte leur histoire avec leur perception. Et ce n'est vraiment pas le but d'un film.

Nous avons toujours été extrêmement déterminés à vouloir retranscrire leur dévouement, leur héroïsme et leur altruisme.