Le talent serait-il génétique ?
Il était une fois le petit Kyle E. Son père est un cow boy, un flic, un coach de boxe, un vieil homme fatigué, un amoureux discret. Son père est un acteur admiré, un réalisateur respecté, un artiste incontesté.
Petit Kyle en a de la chance, et comme il a certainement hérité de deux ou trois trucs de son immense papa, il taille sa route, loin des plateaux et des caméras : Kyle creuse son sillon au milieu des partitions.
Mais Kyle est tout sauf petit. S’il a joué dans certains films de son père, il est surtout un contrebassiste de jazz émérite et un compositeur remarqué notamment pour son album Paris Blues. Après avoir - avec son compère Michael Stevens - fait un tour sur le score de Mémoires de nos pères, il se (re)frotte à Clint. Plus qu’une simple collaboration, c’est une vraie performance complète et accomplie. Les deux musiciens avaient-ils encore quelque chose à prouver ? Certes non. Il n’empêche, pour ce Lettres d'Iwo Jima si cher au cinéaste, Kyle Eastwood et Michael Stevens nous impressionnent comme ils impressionnent la pellicule de mélodies imparables. Rares sont les scores qui marquent avec autant de simplicité.
Un thème récurrent, déchirant, décliné à travers toute une gamme d’instruments et dévoilant ainsi les différents degrés de tension du film. Il y a de la tristesse (beaucoup), de la pesanteur (terrible), mais également de l’espoir - infime, mais désarmant par sa simple présence. Incroyable mélancolie parfois heurtée par quelques morceaux d’innocence (le chant des enfants et la musique du banquet) ou de dissonances tragiques.
Comme Clint, Kyle exprime le plus par le moins avec une justesse rare.
Après tout, les chiens ne font pas de chats…
« Letters from Iwo Jima » de Kyle Eastwood et Michael Stevens – Milan Records – Disponible
Lettres d'Iwo Jima, un film de Clint Eastwood - Sortie sur les écrans le 21 février 2007.
Eléonore Guerra (27 février 2007)