Ce soir la chaîne L'Equipe diffuse "La Chute du faucon noir" de Ridley Scott. Le film, qui relate le fiasco d'une intervention en Somalie, a influencé la position de George W. Bush sur le conflit en Irak.
La Chute du faucon noir : un film de guerre intense de Ridley Scott
Sortant du succès de Gladiator (2000) et après avoir enchaîné avec le thriller Hannibal (2001), Ridley Scott changea à nouveau de genre avec La Chute du faucon noir (2002). Un film de guerre adapté du livre Black Hawk Down: A Story of Modern War de Mark Bowden, qui relate un combat survenu à Mogadiscio en Somalie les 3 et 4 octobre 1993. À l'époque, le pays était en pleine guerre civile et souffrait de famine. Les États-Unis sont intervenus après avoir vu une montée des tensions entre les forces de l'ONU et le général Mohamed Farrah Aidid. Une opération américaine a par la suite viré au fiasco. Et c'est sur cela que se concentre le film de Ridley Scott.
Malgré une longue mise en place du contexte et des personnages, La Chute du faucon noir entre dans le cœur de son sujet lorsqu'un hélicoptère est abattu en pleine intervention. Les forces américaines vont alors tout faire pour sauver leurs soldats, mais ils vont faire face aux milices qui contre-attaquent, et devoir tenir jusqu'à l'arrivée de renforts. Au final, dix-huit militaires américains perdirent la vie durant ces deux jours, ainsi que plusieurs centaines de Somaliens.
Le film passe lui d'un soldat à un autre pour apporter une vision globale de l'événement et une expérience immersive. On retrouve ainsi un casting impressionnant avec Josh Hartnett, Ewan McGregor, Jason Isaacs, Tom Sizemore, William Fichtner, Eric Bana, Sam Shepard, Tom Hardy, Hugh Dancy, Nikolaj Coster-Waldau ou encore Orlando Bloom.
Un échec interprété autrement par George W. Bush
À sa sortie, le film n'a pas reçu le même accueil aux États-Unis qu'en Europe. En effet, les attentats du 11 septembre 2001 survenus quelques mois seulement avant la sortie en salles de La Chute du faucon noir a eu un impact direct sur la réception du public. Pourtant désireux de pointer l'absurdité de la guerre, tout en se voulant réaliste dans sa retranscription des combats, Ridley Scott a été pointé du doigt justement pour son esthétisation de la violence. Certains y ont aussi vu une œuvre prônant l’interventionnisme américain, bien qu'il soit question ici d'une mission considérée comme un échec.
Justement, pour le gouvernement américain de l'époque, sous la présidence de George W. Bush, La Chute du faucon noir n'a pas eu pour effet d'avertir contre les interventions dans le tiers monde. Au contraire. Dans son article Thinking Mythologically: Black Hawk Down, the “Platoon Movie” and the War of Choice in Iraq, Richard Slotkin revient sur l'impact du long-métrage sur la guerre en Irak, en citant un article de Newsweek. On y apprend que George W. Bush organisa une projection de La Chute du faucon noir lors d'un dîner à la Maison-Blanche et que "lui et ses conseillers en ont tiré une leçon très différente".
La sortie précipitée de l'Amérique de Somalie après la mort de 18 soldats lors du raid de 1993 avait enhardi les ennemis terroristes de l'Amérique et avait ainsi conduit directement à l'attaque d'Al Quaida du 11 septembre.
Par la suite, George W. Bush continua de projeter ce "film à ne pas manquer" à vingt membres du Congrès pour les convaincre de poursuivre l'intervention en Irak. Car d'après lui, et en prenant en exemple l'œuvre de Ridley Scott, "ne pas persister dans l'utilisation de la force militaire est un signe de faiblesse et une invitation à l'attaque ennemie". D'ailleurs, quelques semaines plus tard, le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld insista dans un article du Times sur le fait que, cette fois, "les États-Unis d'Amérique n'ont pas décidé de se retirer et de quitter le terrain".
La guerre d'Irak dura plus de huit ans et on estime les victimes de ce conflit entre plusieurs centaines de milliers et un million entre 2003 et 2011.