L'actrice Alba Gaïa Bellugi, vu notamment dans "Inexorable", porte avec brio la fiction "La Fille qu'on appelle", un drame réalisé par Charlène Favier ("Slalom") pour Arte.
Alba Gaïa Bellugi porte le drame La Fille qu'on appelle
La Fille qu'on appelle débute dans l'eau. On y discerne le corps d'Alba Gaïa Bellugi qui nage à la surface. Gros plan sur son visage, tandis que la jeune femme sort de l'eau et va se rhabiller sur la plage alors que le soleil commence à se lever. De cette première scène, une chose frappe : le regard de la comédienne. Un regard noir, peu rassurant, suffisant pour qu'on comprenne qu'il ne s'agit en rien d'un joyeux bain matinal.
À la suite de cela, la voilà dans un poste de police. La réalisatrice Charlène Favier ne prend pas la peine de filmer l'homme en face d'elle au moment où elle prononce ces mots : "Je viens pour porter plainte". Durant ces premiers instants, la caméra reste focalisée sur le visage d'Alba Gaïa Bellugi, qui s'apprête à évoluer au fil des séquences.
Dans cette fiction d'Arte, la comédienne interprète Laura, la vingtaine, de retour dans sa ville du Midi après un passage à Paris. Désormais, elle loge chez son père. Ce dernier, étant le chauffeur du maire, il pense lui donner un coup de main en demandant à son employeur s'il peut faire quelque chose pour elle. L'élu, Quentin le Bars, va alors recevoir la jeune fille, lui trouver un logement et un emploi.
Mais une fois installée, Laura sera piégée. Le maire venant à sa guise dans son studio pour avoir un rapport sexuel avec elle. Une routine terrifiante se mettant en place, Laura, désormais sous l'emprise de l'homme de pouvoir, ne pourra rien faire. Du moins jusqu'au départ de l'homme pour rejoindre le gouvernement, après quoi elle ira porter plainte. L'histoire n'est d'ailleurs pas sans rappeler une vraie affaire politique.
"Une excellente comédienne (...) qui maîtrise le jeu du corps à la perfection"
C'est peu dire qu'Alba Gaïa Bellugi impressionne dans La Fille qu'on appelle. Ce n'est pas la première fois (déjà avec Manon ou Inexorable), certes, mais elle met ici à l'honneur un rôle important, où tout passe par la subtilité de l'actrice et la justesse de son jeu. Depuis ses débuts, on trouvait chez Alba Gaïa Bellugi quelque chose d'une jeune Charlotte Gainsbourg. Elle montre ici un autre visage, moins timide.
Lorsque Laura témoigne, la comédienne n'en fait jamais trop. Ni trop bouleversée, ni trop consciente de ce qui se joue face à des policiers d'un soutien très relatif. Laura a du répondant. Elle sait qu'on va malheureusement la juger, elle n'est pas naïve. Le contraste entre sa présence devant les policiers et ce qu'elle leur raconte rend ainsi son histoire encore plus éprouvante.
À l'image de sa première rencontre avec Quentin (Pascal Greggory, excellent). Laura apparaît apprêtée, un foulard dans les cheveux, mais en aucun cas dans une quelconque séduction. Son malaise sous le regard du maire se fait alors d'autant plus étouffant. Tout en commentant ses émotions en voix off, Alba Gaïa Bellugi joue à la perfection cette gène. Puis viendra la terreur, le mal-être de plus en plus fort, les larmes même, pourtant longtemps retenues.
Alba Gaïa Bellugi est de ces actrices qui, par leur seul regard, par leur personnalité, vous marque. Un visage, mais pas que, car le jeu est bel et bien à la hauteur. Pas étonnant que l'actrice ait "bluffé" Charlène Favier. La réalisatrice disant d'elle dans le dossier de presse de La Fille qu'on appelle : "C’est une excellente comédienne, une grande technicienne du texte qui maîtrise le jeu du corps à la perfection". Faut-il en rajouter ?
La Fille qu'on appelle est disponible sur Arte.