Réalisé par Charlène Favier, "La Fille qu'on appelle" sur Arte met en scène une jeune femme sous l'emprise du maire de sa ville. Une histoire qui peut rappeler une affaire qui a fait grand bruit dans le monde politique.
La Fille qu'on appelle : Alba Gaïa Bellugi sous l'emprise de Pascal Greggory
La Fille qu'on appelle est le second long-métrage de Charlène Favier. La réalisatrice avait fait parler d'elle en 2021 avec Slalom, un premier long puissant qui portait sur les violences sexuelles dans le milieu sportif. Un film malheureusement inspiré de l'expérience personnelle de la réalisatrice, elle-même victime de violences sexuelles dans le milieu du sport durant son adolescence.
Dans La Fille qu'on appelle, le drame se déroule cette fois dans une ville du Midi et voit une jeune femme devenir la proie du maire de sa ville. Lorsque ce dernier est nommé ministre au gouvernement et doit rejoindre Paris, Laura, l'héroïne, décide de porter plainte. C'est alors aux policiers que la jeune femme va raconter son histoire. Comment d'une simple demande de logement, elle s'est retrouvée sous l'emprise du maire Quentin Le Bars qui régulièrement l'attendait dans son studio pour profiter d'elle.
Avec ce film, Charlène Favier présente un nouveau drame éprouvant, remarquablement porté par Alba Gaïa Bellugi dans le rôle de Laura, et Pascal Greggory, terrifiant en Quentin Le Bars. Dès la représentation de Laura au poste de police, la réalisatrice pointe la difficulté et la force nécessaire pour porter plainte. Puis, en mettant en scène les propos de la jeune femme, en montrant son incapacité à réagir face à la situation, Charlène Favier a voulu montrer que "tout le monde ou presque peut en être victime, y compris des adultes connaissant les codes et ayant des repères", comme elle l'explique dans le dossier de presse.
D'abord un roman
En connaissant l'origine du film Slalom, on peut se demander si La Fille qu'on appelle est tiré d'un véritable fait divers. D'autant plus avec les deux phrases en épilogue qui indiquent au spectateur la finalité de la plainte de Laura. Mais la fiction d'Arte est en fait une adaptation du roman éponyme de Tanguy Viel, paru en 2021 aux éditions de Minuit. Et, officiellement, le récit du roman est fictif.
Une histoire qui rappelle les accusations contre Gérald Darmanin
Cependant, RTBF écrivait lors de la publication du roman : "On devine sans peine quels faits divers ont pu l'inspirer". Le média belge pointait alors directement l'affaire Gérald Darmanin : "Si le scandale qui entoure le maire ressemble à celui d'un certain ministre de l'Intérieur français, ce n'est pas fortuit".
En effet, le Ministre de l'Intérieur, nommé en 2020, avait été accusé en février 2018 d'abus de faiblesse par une habitante de Tourcoing. Cette dernière avait porté plainte en affirmant que l'ancien maire de Tourcoing avait eu, en 2015, des rapports sexuelles avec elle en échange de l'obtention d'un logement et d'un emploi.
En mai 2018, l'enquête a été classée sans suite après que le ministère a précisé que l'enquête ne permettait pas d'établir l'absence de consentement de la plaignante.
Ainsi, bien qu'encore une fois rien ne puisse lier cette affaire à La Fille qu'on appelle, l'histoire de Laura paraît très similaire. Si dans son témoignage et dans les images de Charlène Favier il n'y a pas une contrainte physique, l'emprise psychologique est évidente. Il est alors intéressant de lire les propos de la comédienne Alba Gaïa Bellugi, interrogée sur la possibilité que le film soit un moyen d'ouvrir les yeux :
Honnêtement, j’espère qu’il n’apprendra rien à personne car cela signifierait qu’on part de loin. En réalité, il s’agit de l’histoire banale d’une violence patriarcale. Après… Il faut montrer et remontrer sans détour afin que ces sujets ne soient plus tabous.
La Fille qu'on appelle est actuellement disponible sur le Replay d'Arte.