"La French" nous entraîne dans le Marseille des années 70 et 80 sur les traces du célèbre juge Michel, qui s’est attaqué à l’empire de l’héroïne alors dirigé par Gaëtan Zampa. L'idée du film était notamment de lui rendre hommage en offrant aux spectateurs son point de vue. Mais sa famille s’est indignée d'une poignée de détails inappropriés.
L’histoire vraie derrière la caméra
Dans La French, sorti en 2014, Jean Dujardin et Gilles Lellouche incarnent respectivement les personnages du juge Pierre Michel et du parrain marseillais Gaëtan Zampa. Le jeune magistrat venu de Metz avec femme et enfants est nommé juge du grand banditisme en 1975 au cœur de la cité phocéenne. Il décide de s’attaquer à la French Connection, organisation mafieuse qui exporte de l’héroïne dans le monde entier. Envers et contre tout, le juge se dressera face à la figure emblématique du milieu : Gaëtan Zampa.
Également connu sous les pseudonymes "Tany" et "Don Gaetano", le Parrain intouchable sévit sur tous les fronts. Trafic de drogues à l’échelle internationale, proxénétisme, racket, braquages, etc. De nombreuses interpellations plus tard, le juge Michel est froidement assassiné de trois balles dans le corps alors qu’il circule à moto, le 21 octobre 1981, en pleine rue et en plein jour. Zappa est quant à lui écroué deux ans plus tard. Il meurt le 16 août 1984 après s’être pendu dans sa cellule.
Une vérité relative
En dépit des bonnes intentions de la production, la famille du juge a été choquée par l’intrigue qu'elle dit n'avoir jamais validée. En effet, c’est dans un communiqué transmis à l’AFP que l'épouse et les deux filles Michel ont expliqué n’avoir jamais eu connaissance de la version finale du scénario. Seules trois petites corrections sur la vie privée auraient été faites. Contrairement aux affirmations du producteur Alain Goldman.
De nombreuses observations sur ce scénario ont été faites à la production de ce film. Seules quelques-unes ont été prises en compte.
Elles ont par ailleurs confié avoir constaté l’évolution considérable du scénario. Non seulement aucune information ne leur aurait été apportée, mais encore La French aurait à titre d’exemple affublé le juge d’un lourd passé de joueur. Absente du scénario présenté à la famille, cette même référence inventée devient l'un des ressorts explicatifs de son acharnement professionnel. Par conséquent, la famille dit n'avoir jamais souhaité ni la réalisation ni la diffusion de La French, insistant de surcroît sur le fait qu’elle ne considérait pas ce film comme un hommage.
Des intentions louables
Rappelons que La French est le premier long-métrage à avoir abordé cette histoire du point de vue du juge Michel. Avant cela, French Connection (1971), signé William Friedkin, et French Connection II (1975) de John Frankenheimer racontaient l'histoire du point de vue des enquêteurs américains. Sachez que le père du réalisateur Cédric Jimenez tenait un restaurant à côté du bar du frère de Gaëtan Zampa. Il avait cinq ans lorsque le juge a été assassiné. Impressionné par l’homme de loi, il tenait depuis bien longtemps à lui rendre hommage.
Le juge est un héros. Un homme exceptionnel qui a fait passer l’intérêt collectif avant son intérêt personnel. Cela est rare dans le monde dans lequel on vit.
Le producteur Alain Goldman a également déclaré à L'Express que le but de La French était bel et bien un hommage. Ce dernier était conscient que, dans un premier temps, la femme et les filles du regretté juge Michel en souffriraient. Mais il souhaitait que leurs enfants et petits-enfants connaissent son histoire. Les trois femmes ont de leur côté confié que La French ne reflétait en rien la vie et l’histoire du juge Pierre Michel. Ainsi ont-elles conclu n'avoir nul besoin du film pour faire vivre sa mémoire. Ni pour faire connaître sa véritable histoire à ses descendants.