Coproduction exceptionnelle entre les Etats-Unis et la Chine en 2016, “La Grande Muraille” n’a pas connu le retour critique qu’il espérait. Star du long-métrage, Matt Damon a admis lui-même que le film n’était pas exempt de tous défauts.
La Grande Muraille : un pari fou
Sorti en 2016, La Grande Muraille n’est pas qu’une superproduction dotée d’un énorme budget de 150 millions de dollars. C’est surtout l’ambition d’une industrie chinoise qui choisit de collaborer avec Hollywood pour paradoxalement la concurrencer. En effet, pour mettre en chantier le blockbuster, Legendary Pictures s’allie avec le studio chinois Vision Pictures, bien aidé par la China Film Group Corporation (principale société de production du pays qui détient un énorme monopole sur la distribution de films étrangers au sein du territoire).
Ironiquement, c’est durant cette même année que le conglomérat chinois Dalian Wanda fera une acquisition majoritaire historique sur le studio américain. Tous les éléments étaient donc réunis pour que le film redore le blason de la culture chinoise à travers le monde. Surtout qu’à la réalisation, la production recrute l’expert en la matière des blockbusters qui montrent à quel point la Chine dispose d’une Histoire fantastique : Zhang Yimou (Hero, Le Secret des Poignards Volants, La Cité Interdite…)
Surtout que le lieu du film est un élément-clé de ce “soft power” chinois. En effet, La Grande Muraille se déroule dans une Chine Médiévale ré-imaginée. On y retrouve le mercenaire occidental William Garin qui se retrouve aux côtés des guerriers courageux de l’Ordre sans Nom. Ce groupe mystérieux constitue le dernier rempart de l’humanité contre les Taotie, des créatures monstrueuses adeptes de chair humaine. Postée sur la Grande Muraille de Chine, cette organisation aidée par Garin, compte bien livrer la plus grande bataille de son existence.
Quand la fille de Matt Damon se moque de lui
Si La Grande Muraille réalise un score correct au box-office (330 millions de dollars de recettes), il est bien en deçà des objectifs que voulaient atteindre les exécutifs américains et chinois. Surtout, le film, qui est censé promouvoir la culture chinoise, compte pour tête d’affiche une star blanche du nom de Matt Damon. Il n’en faut pas plus pour que le film soit accusé de racisme et de whitewashing, comme le fut à une certaine époque Le Dernier Samourai avec Tom Cruise (et réalisé par Edward Zwick qui a d’ailleurs failli réaliser La Grande Muraille).
Invité dans le podcast WTF, Matt Damon est revenu sur La Grande Muraille et le déchaînement de mauvaises critiques que le film a subi. Et il a bien du mal à défendre le long-métrage, surtout lorsque sa fille le raille en lui rappelant qu’il a joué dedans :
Elle me parle de ce film, qu’elle appelle “la muraille”. Je lui dis que ça s’appelle quand même “La Grande Muraille” et elle me répond : “Papa, il n’y a rien de grand dans ce film”.
Dans la suite de l’interview, Matt Damon reconnaît lui-même que le film mérite certaines critiques. D’ailleurs, il avait anticipé son échec :
J'adore le travail de Zhang Yimou et c'était un honneur pour moi de tourner pour lui (...) Mais il essayait de faire un film hollywoodien. J'ai essayé de lui dire de faire son film mais c'était trop tard. Je me suis dit que c’est exactement comme cela que les catastrophes se produisent. Le film ne fonctionne pas malgré les excellents chefs de poste et les ingrédients réunis pour faire un blockbuster (...)