Dans le cinéma, il est souvent arrivé qu’un ouvrage laisse place à de nombreuses adaptations. Mais qu’arrive-t-il lorsque ces deux adaptations sortent la même année, à quelques jours d’intervalle ? Ce fut le cas de "La Guerre des Boutons", qui a connu deux versions en 2011.
La Guerre des Boutons : si j’aurais su, j’aurais pas venu
En 1912, l’écrivain franc-comtois Louis Perigaud obtient la reconnaissance avec un drôle de livre : La Guerre des Boutons. En effet, le roman suit la rivalité entre deux bandes rivales de villages voisins à chaque rentrée scolaire. Le principe est simple : en plus des bagarres provoquées, les vaincus se voient confisquer leurs boutons en guise d’humiliation, avant d’être renvoyés chez eux.
Le roman deviendra si populaire qu’il en inspirera un autre tout aussi célèbre : Sa Majesté des mouches, écrit par le britannique William Golding en 1954. Par la suite, on retrouvera trois adaptations ciné de La Guerre des Boutons, dont la plus célèbre reste sans doute celle de 1962, réalisée par Yves Robert.
En 2011, sort donc une nouvelle adaptation de La Guerre des Boutons, réalisée par Yann Samuell (Jeux d’enfants). On y retrouve notamment Eric Elmosnino, Mathilde Seigner, Fred Testot et Alain Chabat. À côté de cette adaptation, Yann Samuell doit faire face à une autre : La Nouvelle Guerre des Boutons, réalisé par Christophe Barratier (Les Choristes)
Guerre dans les salles
Cet imbroglio vient en effet, du fait que le roman était tombé dans le domaine public. Par conséquent, chacun était alors libre d’adapter La Guerre des Boutons sans devoir acheter des droits d’auteur. Le producteur Marc du Pontavice dégaine le premier en annonçant en avril 2010 une adaptation ciné du roman avec Yann Samuell à la réalisation et dont le tournage doit débuter en avril.
Sauf que l’omnipotent producteur Thomas Langmann (qui a notamment produit Astérix aux Jeux Olympiques) propose de collaborer avec lui pour faire plutôt un film d’animation La Guerre des Boutons. De Pontavice refuse, ce qui mène Langmann à bâtir lui aussi une autre adaptation du célèbre roman. Comme le stipule l’Obs, le but était ni plus ni moins de court-circuiter le film de Yann Samuell :
Il commanda à toute vitesse un scénario. Remporta in extremis les financements de Canal+. Et s’appliqua à pulvériser le projet concurrent. Pression sur les banquiers, offres alléchantes pour décourager les acteurs, qui grimpèrent pour le réalisateur jusqu’à 800 000 euros.
Une bataille féroce de promotion s’opère entre les deux productions. On retiendra comme faits d’armes principaux la tentative des deux films d’obtenir la célèbre réplique « Si j'aurais su, j'aurais pas venu » qui vient du film d'Yves Robert et non du roman ou bien encore les menaces (non prouvées) de Langmann sur les techniciens de Yann Samuell. Cette guerre atteint son dénouement final lorsque Langmann veut sortir son film le 28 septembre, soit deux mois avant celui de du Pontavice. Sauf que ce dernier ne se laisse pas faire et le sort le 14 septembre, obligeant son concurrent à le sortir le 21 septembre.
Au box-office, les deux obtiendront un box score à peu près identique : 1,4 million pour La Guerre des Boutons et 1,5 million pour La Nouvelle Guerre des Boutons. Même chose pour la critique qui se montrera sévère avec un Gerard du cinéma chacun pour les deux adaptations. Balle au centre !