Sorti il y a presque trente ans, "La Liste de Schindler" de Steven Spielberg est presque entièrement en noir et blanc. Pourquoi ce choix ? Et pourquoi la seule scène avec une touche de couleur est-elle si forte ?
La Liste de Schindler : de l'histoire vraie au film
En 1994, Steven Spielberg met en scène un des chefs-d'œuvre du cinéma : La Liste de Schindler. Porté par Liam Neeson, le film est une adaptation du roman de Thomas Keneally et raconte la véritable histoire d'Oskar Schindler.
Au départ membre du parti nazi et d'origine catholique, Schindler risque sa carrière et sa vie en embauchant 1100 Juifs dans son entreprise pendant l'Holocauste. Un comptable juif devient sa "conscience" tandis qu'il dirige ses affaires aux côtés d'un commandant nazi cruel et obstiné (incarné par un glaçant Ralph Fiennes), responsable de la mort de prisonniers juifs depuis son balcon.
Tourné en grande partie en noir et blanc en Pologne, le film ne cherche pas à minimiser les faiblesses ni à glorifier ce héros improbable, mais à mettre en lumière le triomphe de l'esprit humain au milieu de cette tragédie pour l'humanité. La Liste de Schindler reste un puissant rappel de l'horreur de l'Holocauste et de l'héroïsme qui a émergé même dans les circonstances les plus sombres de l'histoire.
Le long-métrage de Steven Spielberg a remporté sept Oscars, dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation.
Pourquoi le film est-il en noir et blanc ?
Le choix de réaliser La Liste de Schindler en noir et blanc était une décision essentielle pour Steven Spielberg. Le réalisateur et son directeur de la photographie, Janusz Kaminski, ont opté pour un film en noir et blanc, cherchant à créer une atmosphère quasi documentaire réaliste dans le film. Cela a eu pour effet de rendre le film plus saisissant et de renforcer l'authenticité historique.
Spielberg avait expliqué son choix en confiant :
L'Holocauste était la vie sans lumière. Pour moi, le symbole de la vie est la couleur. C'est pourquoi un film sur l'Holocauste doit être en noir et blanc
Cependant, Spielberg a introduit un élément de couleur dans ce monde en noir et blanc : la petite fille au manteau rouge. Cette touche de couleur symbolise la seule trace d'humanité et d'innocence qui persiste au milieu de l'horreur. Elle représente une victime innocente de la liquidation du ghetto de Cracovie, une enfant dont la vie est brisée par la cruauté de l'Holocauste.
Le contraste frappant entre le rouge vif de son manteau et le noir et blanc environnant la met en évidence, soulignant la brutalité du monde qui l'entoure. Sa présence dans le film est un rappel puissant de la réalité de la souffrance et de l'injustice qui ont touché de nombreuses vies pendant cette période sombre.