Tourné dans l'Est du Tibet, le documentaire "La Panthère des neiges" s'est fait dans des conditions parfois extrêmes avec des températures glaciales auxquelles la réalisatrice Marie Amiguet a dû s'adapter.
La Panthère des neiges : plus qu'un documentaire animalier
Réalisé par Marie Amiguet (premier long-métrage) et Vincent Munier, La Panthère des neiges (2021) est un documentaire pour le moins original. Adaptant le récit de Sylvain Tesson (prix Renaudot en 2019), le film suit le photographe animalier Vincent Munier, et l'écrivain Sylvain Tesson au Tibet, dans leur recherche de la panthère des neiges. C'est donc autant sur l'animal que sur les deux hommes que le long-métrage se penche. Montrant les longues heures d'attentes, les sens aux aguets, en pleine montagne, dans l'espoir d'apercevoir enfin cette panthère.
Il y a ainsi une forme de suspense qui se dégage du documentaire, également passionnant dans sa représentation des deux hommes qui, tout en restant à l'affût de la moindre trace d'une bête, discutent de la place de l'Homme et du rapport à la nature. C'était juste l'objectif premier de Marie Amiguet, "de filmer la rencontre entre deux bonshommes d’univers différents", comme elle l'explique dans le dossier de presse.
J’étais curieuse de découvrir quel feu d’artifice ce tête-à-tête allait provoquer entre, d’un côté, Vincent, un homme très sensible à la nature, obsédé par la beauté et effectivement taiseux, et de l’autre, cet écrivain très volubile qui dévore la vie par les deux bouts.
Mais La Panthère des neiges, c'est bien sûr la représentation de paysages magnifique, avec la musique originale de Warren Ellis et Nick Cave pour accompagner ces images. Pour en arriver là, la petite équipe s'est rendu dans l’Est du Tibet, dans des zones entre 4500m et 6000m d’altitude, où le paysage est sec et aride. Marie Amiguet, Sylvain Tesson, Vincent Munier et l'assistant-réalisateur Léo-Pol Jacquot ont alors effectué deux séjours de trois semaines pour capter ces images. Ce qui n'a pas été de tout repos, étant donné les conditions extrêmes.
Un tournage glacial dans des conditions extrêmes
En effet, Marie Amiguet raconte le tournage difficile qu'a été La Panthère des neiges, avec des températures baissant en moyenne jusqu'à -18°C, voire -25°C le matin. De plus, après une nuit passée à 4800m, "le thermomètre indiquait -35°C mais ne pouvait de toute façon pas tomber plus bas" indique la réalisatrice, avant d'expliquer comment elle a dû s'adapter pour pouvoir filmer.
Alors certes, on était bien équipé, mais pour filmer, il m’a fallu trouver des stratagèmes. D’autant que le froid aux doigts m’handicape vraiment. Je limitais donc les réglages à faire sur la caméra pour ne pas avoir à sortir mes mains des moufles, ou bien je recourais aux chaufferettes.
Outre la question des températures glaciales, Marie Amiguet a aussi subi un vent fort et fréquent. À cause de cela, une importante poussière fine était soulevé, causant un autre problème pour le matériel.
Ça peut être redoutable pour le matériel, et en plus, ça me fait grincer des dents, sensation bien plus désagréable que le froid dans un voyage où nous n’avions pas d’eau pour nous laver.
La réalisatrice n'a pas eu de regret pour autant, au contraire. D'après elle, le problème du mal d'altitude se règle généralement après plusieurs semaines. Marie Amiguet a alors finalement trouvé que son temps passé en montagne était trop court, et aurait souhaité rester plus longtemps. Enfin, pour le résultat obtenu, elle et son équipe peuvent être satisfait. En plus d'avoir été présenté dans la section Cinéma pour le Climat au Festival de Cannes en 2021, La Panthère des neiges a remporté le César du meilleur film documentaire aux César en 2022.