La Poursuite infernale : pourquoi le film laissa un souvenir amer à John Ford ?

La Poursuite infernale : pourquoi le film laissa un souvenir amer à John Ford ?

Après "Les Raisins de la colère" et "Qu'elle était verte ma vallée", Darryl F. Zanuck continue d'imposer son contrôle à John Ford pendant la production de "La Poursuite infernale". Une pression qui marque la fin de leur collaboration mouvementée.

La Poursuite infernale : une histoire emblématique du western

Avant John Sturges, George Pan Cosmatos ou encore Lawrence Kasdan, John Ford raconte déjà l'histoire de Wyatt Earp et du fameux règlement de comptes à O.K. Corral en 1946 avec La Poursuite infernale. Le long-métrage débute en 1881, avec l'arrivée du futur héros et de ses frères à Tombstone.

Une ouverture marquée par une première confrontation avec le vieux Clanton (Walter Brennan), suivie de la mort du benjamin de la fratrie Earp. Une perte qui pousse Wyatt (Henry Fonda) à endosser le rôle de shérif dans la petite ville pour enquêter. Alors que les tensions avec les Clanton s'intensifient, il tombe amoureux de Clementine Carter (Cathy Downs) et trouve du soutien auprès de Doc Holliday (Victor Mature), ancien médecin rongé par l'alcool.

Linda Darnell et Ward Bond complètent la distribution de ce chef-d'oeuvre, pour lequel John Ford se base sur le témoignage du véritable Wyatt Earp, qu'il a rencontré quelques années plus tôt alors qu'il était devenu consultant sur les plateaux hollywoodiens des premiers westerns.

Une expérience douloureuse pour John Ford

La Poursuite infernale marque par ailleurs la fin de la collaboration entre John Ford et Darryl F. Zanuck, cofondateur de la 20th Century Fox et producteur de plusieurs films du cinéaste comme Je n'ai pas tué Lincoln, Vers sa destinée, Les Raisins de la colère ou encore Qu'elle était verte ma vallée. Avant même que le tournage du long-métrage sur Wyatt Earp ne débute, les tensions étaient vives entre les deux hommes.

Lorsqu'il apprend que certaines de ses images tournées pendant la Seconde Guerre mondiale ont été montées dans un projet mené par Darryl F. Zanuck sans qu'il ne soit cité, John Ford devient fou de rage. Quelques années plus tard, pour La Poursuite infernale, le réalisateur réussit à imposer Victor Mature dans le rôle de Doc Holliday, alors que le producteur lui préfère James Stewart.

La Poursuite infernale
La Poursuite infernale ©20th Century Studios

S'il gagne ce choix de casting, John Ford voit le contrôle du film lui échapper. Darryl F. Zanuck impose par exemple une scène durant laquelle Wyatt Earp se recueille sur la tombe de son frère, filmée par Lloyd Bacon. Le cinéaste doit également tourner la scène du baiser finale contre son gré. Comme pour Les Raisins de la colère et Qu'elle était verte ma vallée, le western continue de lui glisser entre les doigts à la table de montage, où le producteur effectue de nombreuses coupes, estimant que la durée initiale de deux heures est beaucoup trop longue. À l'arrivée, La Poursuite infernale ne dure qu'1h37, même s'il existe une version alternative avec une dizaine de minutes supplémentaires.

À partir de 1947, John Ford s'éloigne de Darryl F. Zanuck afin d'imposer son indépendance artistique. Il travaille par la suite sur des projets par le biais de sa société Argosy Pictures, fondée en 1939 avec Merian C. Cooper. Il planche alors sur plusieurs westerns centrés sur la cavalerie, parmi lesquels Le Massacre de Fort ApacheLa Charge héroïque et Rio Grande, ou encore sur le drame L'Homme tranquille.