Sorti en 2013, le film "La Religieuse" de Guillaume Nicloux avec Pauline Étienne, Isabelle Huppert et Louise Bourgoin est la deuxième adaptation du roman éponyme de Diderot. Au moment de la sortie au cinéma, le réalisateur avait expliqué son inspiration derrière la fin du film, qui s'éloigne de la version imaginée par Jacques Rivette, sortie en 1967.
La Religieuse : Nicloux adapte Diderot
Sorti dans les salles françaises en mars 2013, le film La Religieuse mis en scène par Guillaume Nicloux est la deuxième adaptation cinématographique du roman éponyme de Denis Diderot paru en 1796. En effet, Jacques Rivette avait déjà adapté cette oeuvre en 1967 avec Anna Karina dans le rôle principal. Pour la version de 2013, Guillaume Nicloux a jeté son dévolu sur l'actrice belge Pauline Étienne pour incarner le personnage principal.
Le pitch :
XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle aspire à vivre dans « le monde ». Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes… La passion et la force qui l’animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté.
Aux côtés de Pauline Étienne, on peut également retrouver Isabelle Huppert et Louise Bourgoin.
Une fin libre
L'oeuvre de Diderot n'a pas été achevée par l'auteur. Il n'existe donc pas de fin officielle. Lors de la première adaptation cinématographique, Jacques Rivette avait décidé de faire mourir Suzanne, qui se suicidait en se jetant d'une fenêtre à la fin du film.
Contrairement à ce dernier, Guillaume Nicloux n'a pas choisi une voie aussi dramatique pour son personnage, qui se montre davantage rebelle que dans l'oeuvre principale. Il s'en expliquait ainsi :
Plus je connaissais Suzanne, moins je la voyais mourir. La version de La Religieuse que je propose tend vers un avenir possible. Je voulais la voir s’affranchir de ses tutelles maternelles, et par conséquent libre de vivre sa révolte. J’ai toujours vu Suzanne comme une rebelle qui lutte pour conquérir sa liberté même si l’accès passe provisoirement par le renoncement.
Concernant la fidélité au roman de Diderot, Guillaume Nicloux expliquait avoir voulu en garder un sentiment, plutôt que de suivre l'oeuvre à la lettre, pour y mettre également sa propre vision sur le sujet :
Lorsque j’adapte un livre, ma démarche obéit à un principe hitchcockien : je le lis, je le referme et je laisse travailler mon imaginaire afin de ne garder en moi que ce qui m’a ému. En un sens, c’est une trahison, mais l’important est de trahir le plus fidèlement possible, en utilisant le livre comme un support d’inspiration qui va révéler votre propre vision. Je ne crois pas m’être éloigné de la position de Diderot car au-delà de son engagement matérialiste, l’auteur s’érige contre l’autorité arbitraire et l’intolérance de l’Église, ce que Voltaire appelait « l’infâme ».