Au milieu du voyage épique à travers l'Amérique, on trouve dans "La Route de l'Ouest" une représentation du désir, de la sexualité et du pécher comme on en voyait rarement dans les westerns de l'époque.
L'histoire de La Route de l'Ouest
On doit La Route de l'Ouest (The Way West en VO) à Andrew V. McLaglen, ancien assistant réalisateur de la légende John Ford. Sorti en 1967, le film est une adaptation du roman d'Alfred Bertram Guthrie Jr. avec au casting des noms importants de l'histoire du cinéma. Kirk Douglas, Richard Widmark et Robert Mitchum ayant les rôles principaux.
Le film suit le long voyage d'une communauté de colons qui, en 1843, se dirige vers l'Oregon, sous l'impulsion du sénateur William Tadlock (Kirk Douglas). Pour les diriger dans leur parcours, il engage le guide Dick Summers (Robert Mitchum). Et parmi les membres de l'expédition se trouve Lije Evans (Richard Widmark), accompagné par sa femme Rebecca et son fils Brownie.
La Route de l'Ouest alterne alors entre le film d'aventure épique, avec les dangers attendus pour une telle expédition, et des moments plus intimes au sein de différentes familles. Comme avec les jeunes mariés Johnnie et Amanda Mack, ou encore la famille McBee et la jeune fille Mercy (Sally Field), qui ne cache pas son désir sexuel.
La censure sous le Code Hays
C'est justement avec ce personnage que La Route de l'Ouest surprend le plus. Car il permet au film d'aborder des thématiques qui pendant longtemps ne devaient pas être abordées. En effet, le cinéma américain a été marqué à partir de 1930 par le Code Hays. Un texte qui visait à censurer les productions qui ne suivraient pas une certaine morale. Ainsi, la sexualité et sa représentation fut l'une des thématiques dans le viseur du Code Hays.
Des réalisateurs sont parvenus durant ces années à contourner les règles. Comme Howard Hughes avec The Outlaw (1943) et ses nombreux plans sur la poitrine de Jane Russell. Le Code Hays fut très stricte jusqu'en 1952, avant d'être réécrit en 1966. Bien moins rigoureux, ce nouveau texte fut finalement peu appliqué et même remplacé dès 1968 par le système de classification de la Motion Picture Association of America, créé par Jack Valenti.
La sexualité de Mercy (Sally Field) au cœur du film
La censure était donc moins importante en 1967. Mais reste que La Route de l'Ouest avait de quoi choquer à l'époque. Alors que pendant longtemps le Code Hays avait cherché à interdire tout film pouvant porter atteinte aux valeurs morales des spectateurs, le long-métrage est allé loin dans "la représentation du péché", via ce personnage de Mercy.
Cette dernière apparaît dès le début du film aux côtés du jeune Brownie. Elle s'amuse à taquiner le garçon en lui montrant ses jambes, avant de déclarer qu'elle a hâte de connaître l'amour. Elle va même jusqu'à lui demander : "Tu ne penses pas qu'une gentille fille comme moi serait bien blottie dans tes bras ?". Avant de l'inviter à revenir la voir dans quelques années. Une attitude qui lui vaut les remontrances de ses parents, qui en ont marre de la voir "se trémousser à l'approche d'un beau garçon".
Par la suite, Mercy découvre qu'Amanda Mack ne satisfait pas les besoins sexuels de son mari Johnnie. Tous les deux se retrouvent alors un soir et Johnnie séduit Mercy. La scène s'avère très sensuelle et les dialogues plutôt clairs. "Vous êtes la flamme, et le péché" dit Johnnie à Mercy qui lui répond : "Ce serait bon de pécher" avant qu'ils ne s'embrassent. Andrew V. McLaglen filme alors Sally Field, dont c'était le premier rôle important à 21 ans, de manière presque érotique et en insistant constamment sur son désir (voir image de une).
Finalement, à cause de cette liaison, Mercy finira enceinte. Mais son honneur sera sauf grâce à Brownie qui accepte de l'épouser et de se faire passer pour le père de l'enfant. Johnnie, lui, sera pendu pour le meurtre d'un jeune Sioux.