"La Tour Montparnasse Infernale" est aujourd'hui un film culte avec Eric Judor et son comparse Ramzy Bedia. Mais au début du tournage, Eric s'est trouvé totalement à côté de la plaque.
Première apparition d'Eric et Ramzy au cinéma
Alors en plein succès avec leur spectacle, leur émission sur Fun Radio et la série H sur Canal+, Eric et Ramzy débarquent au cinéma en 2001 avec leur premier film La Tour Montparnasse Infernale. Réalisé par Charles Nemes, il raconte l'histoire de deux laveurs de carreaux travaillant un soir au 52e étage de la Tour. Témoin d'une prise d'otages dans les bureaux, le duo va malgré lui faire capoter le plan machiavélique que Stéphanie, incarnée par Marina Foïs, a mis en place.
Avec deux millions d'entrées, La Tour Montparnasse Infernale est un joli succès même si les critiques ont été particulièrement incisives à l'égard du film. Libération évoquait une "comédie navrante", un "film (qui) manque de hauteur, d'humour ou plus simplement de dialogues" pour Le Figaroscope. La mauvaise presse aurait eu un impact sur les entrées, comme le confiait Eric Judor à BFM TV en 2021 à l'occasion des vingt ans du film :
Les chiffres du premier jour indiquaient mathématiquement qu’on partait sur 4 millions d’entrées, mais le bouche-à-oreille a été tellement désastreux qu’on s’est retrouvé avec la moitié moins.
Cependant, quelques bonnes critiques apparaissent dans Le Parisien pour qui "les deux lascars réinventent le duo Auguste - Clown blanc façon interactive" ou Télérama :
Au lieu de chercher à devenir de grands acteurs comiques qu'on prendra au sérieux, Eric et Ramzy s'amusent avec leur film comme des gamins qui cassent leurs jouets.
La naissance du film
Fan de leur travail, c'est Sébastien Fechner (neveu de Christian Fechner qui a notamment produit des films de Claude Zidi, Patrice Leconte ou encore Jean-Marie Poiré) qui les approche afin d'être le producteur de leur hypothétique premier film. Eric et Ramzy ont déjà une idée qui se résume à un titre "La Tour Montparnasse Infernale", une parodie de film d'action façon Die Hard.
Dans la continuité de leur travail sur scène, l'écriture du scénario s'axe autour d'un humour burlesque, fait de grimaces et de chutes, plus "intemporel" selon Eric et Ramzy. Mais aussi de répliques devenues cultes comme "C'est de toute beauté" ou "Je tire une balle dans la tête à la main".
Malgré leur succès théâtral, radiophonique et télévisuel, le financement du film reste compliqué à mettre en place pour ce projet à l'humour particulier. Ramzy l'explique toujours pour BFM TV :
Quand on lit nos scénarios, ils sont très décevants et celui de La Tour n’était pas forcément très drôle à lire. Il fallait voir l’esprit !
Sébastien Fechner invite alors les financiers à assister au spectacle du duo à l'Olympia en 2000 et en l'espace d'un mois, le projet est financé "sans que (les) interlocuteurs aient une seule ligne". Le budget final du film est de plus de 9 millions d'euros.
Un début de tournage chaotique pour Eric Judor
Autant à l'aise sur scène que sur les plateaux de télévision, le duo l'est tout autant sur le tournage du film. Alors qu'il pensait qu'Eric et Ramzy seraient "intimidés" pour leur première au cinéma, le réalisateur Charles Nemes admet qu'ils sont difficiles à canaliser sur le plateau. Une atmosphère de folie régnait et conscient de la capacité d'improvisation miraculeuse du duo, Charles Nemes fait installer deux caméras pour ne rien rater.
Malgré la bonne ambiance sur le plateau, Eric Judor n'est absolument pas satisfait de ses prestations les premiers jours de tournage, contrairement à Ramzy qui joue juste tout de suite. Sûr de lui, il ne regarde pas les images tournées la veille pendant plusieurs jours avant qu'une maquilleuse ne l'incite à le faire. Il tombe alors des nues comme il le raconte à BFM TV :
J’y suis allé et ce que j’ai vu de moi était horrible, atroce. Je jouais complètement à côté de la plaque, avec une voix très aiguë. J’ai eu tellement honte. On a dû postsynchroniser tout ce que j’avais tourné pour redescendre un peu la puissance de la voix.
Aujourd'hui, le film est culte pour toute une génération et a même eu droit à son prequel La Tour 2 Contrôle Infernale réalisé par Eric Judor en 2016. Les entrées sont très nettement inférieures (moins de 400.000), mais l'accueil critique est beaucoup plus favorable. A l'image des productions de Judor ces dix dernières années. Celles-ci sont généralement boudées par le public à leur sortie mais deviennent progressivement culte. En témoigne le succès a posteriori de sa série Platane pour Canal+ ou encore de son dernier film Problemos actuellement sur Netflix.