"La Vie est belle" est un film au sujet bouleversant traité avec intelligence et humour. Roberto Benigni en a puisé le titre dans un événement tragique de l'Histoire russe.
La Vie est belle : quand le talent fait des miracles
Les films qui se passent pendant la Seconde Guerre mondiale sont rarement des comédies. Il y a bien Papy fait de la résistance ou La Grande vadrouille en France, mais ce sont les exceptions qui confirment la règle. À l'orée de l'année 2000, Roberto Benigni se lance pourtant dans un projet qui, sur le papier, à tout de la fausse bonne idée : faire une comédie qui se déroule dans un camp de concentration.
La Vie est belle met en effet en scène Guido (Roberto Benigni), un jeune Italien un peu poète qui séduit la belle Dora (Nicoletta Braschi), une institutrice pourtant promise à un fasciste. Le couple amoureux donne naissance à un petit Giosuè (Giorgio Cantarini) qu'ils éduquent avec attention et fantaisie. Mais la belle vie ne le reste pas longtemps alors que la guerre fait rage entre les différentes puissances mondiales. Guido et son fils sont même déportés dans un camp de concentration en 1943. Là, le père aimant va tout faire pour cacher l’infâme réalité de la situation à son enfant. Usant de tous les stratagèmes possibles, il va lui faire croire que tout ça n'est qu'un jeu et que tout va bien.
Ce sujet dangereux entre d'autres mains est sauvé par la magie et le talent de Benigni qui arrive à nous faire sourire de situations tragiques comme avait su le faire en son temps Charlie Chaplin avec Le Dictateur. On y rit autant que l'on y pleure tellement La Vie est belle est un exemple parfait d'équilibre entre les deux sentiments de tristesse et de joie qui pourtant s'opposent. À sa sortie en 1998, le long-métrage fait un carton à travers le monde. Il rassemble en salle plus de 13 millions d'Américains, plus de 10 millions d'Italiens et 4 millions de Français. Produit pour 20 millions de dollars, il en rapporte plus de 200 au box-office mondial.
Honneur suprême outre-atlantique, il remporte trois Oscars du meilleur acteur, du meilleur film étranger et de la meilleure musique. Tout comme le film, le titre comporte une connotation aussi heureuse que triste.
Une origine russe
La première chose qui nous vient à l'esprit quand nous lisons le titre, c'est une pensée envers un autre film éponyme avec James Stewart et Donna Reed. La Vie est belle (1946) de Frank Capra n'a pourtant absolument aucun autre point commun avec son homologue italien que sa dénomination. À l'époque de la sortie de son long-métrage, Roberto Benigni avait confié qu'il avait trouvé ce titre aussi simple que poétique du côté de la Russie.
Il lui a en effet été soufflé par un événement tragique vécu par le politicien Léon Trotski, révolutionnaire communiste et homme politique du début du siècle dernier. Chassé de son pays par Staline dans les années 20, il s'exile au Mexique en 1940 pour préparer la révolution. Mais l'homme a conscience que le dictateur ne le laissera pas vivre et sera assassiné le 21 août. Il rédige donc dès février son testament dans lequel il écrit les lignes qui inspireront Benigni :
Je peux voir la large bande d’herbe verte le long du mur, le ciel bleu clair au-dessus du mur et la lumière du soleil partout. La vie est belle. Que les générations futures la nettoient de tout mal, de toute oppression et de toute violence, et en jouissent pleinement.
Ce message a séduit l'acteur italien qui en a aimé la teneur pacifiste et optimiste concernant le futur. Des valeurs qui lui sont chères et qu'il souhaitait insuffler également à La Vie est belle malgré son sombre sujet.