"La Vie est belle" est un de ces films de Noël cultes au message plein d'espoir. Son tournage en 1946 fut l'un des plus fous de l'histoire du cinéma américain.
La Vie est belle : aussi culte que le Père Noël
Si La Vie est belle est un classique du film de Noël dans le monde entier, l'amour que lui porte l'Amérique dépasse l'entendement. Si nous nous plaignions parfois en France des nombreuses rediffusions de certains longs-métrages français cultes, les téléspectateurs américains n'offrent pas la même réception moribonde au film de Frank Capra.
Quand la fin d'année arrive à grands pas, le long-métrage de 1946 est en effet accueilli comme un roi sur de nombreuses chaînes qui décident parfois de le programmer plusieurs fois durant le mois de décembre. Certaines vont même jusqu'à le passer en boucle toute la journée du 24 décembre.
Le film se déroule en 1945 dans la ville de Bedford Falls. Nous sommes la veille de Noël et George Bailey (James Stewart) se trouve dans une grande détresse émotionnelle. Gérant d'une mutuelle de crédit immobilier, il se retrouve dos au mur et au bord de la faillite après les manigances d'un homme d'affaire sans scrupules. Accusé à tort de vol, George, mari et père de 4 enfants, risque une peine de prison et la fermeture de sa société. Ivre et désespéré, il décide de se suicider, se sentant inutile et ne voulant pas faire vivre cette honte à sa famille. Mais son heure n'est finalement pas pour tout de suite alors que Clarence (Henry Travers), un ange envoyé du paradis, fait un séjour sur terre pour le sauver et lui redonner foi en la vie.
Avec un tel scénario, on comprend facilement pourquoi La Vie est belle, avec son message humaniste et positif sur la place de tous dans le cœur de ses proches, est parfait pour la période de Noël. Avec ses mots et son phrasé bien à lui, le réalisateur expliquait dans son autobiographie que La Vie est belle est :
Un film pour ceux qui se sentent las, abattus et découragés. Un film pour les alcooliques, les drogués et les prostituées, pour ceux qui sont derrière les murs d'une prison ou des rideaux de fer. Un film pour leur dire qu'aucun homme n'est un raté.
Tout un programme pour un tournage exceptionnel par ses proportions et ses innovations.
La ville est belle
Si La Vie est belle est aussi cher aux yeux de Frank Capra, c'est aussi parce qu'il s'agit du premier film qu'il produit sous la bannière de sa propre société Liberty Films. Pourtant, s'il aurait pu décider de se lancer dans un projet de petite envergure pour ses premiers pas, le metteur en scène fait plutôt le contraire. Pris de folie des grandeurs, Capra fait construire entièrement la ville fictive de Bedford Falls en studio !
Situé dans ceux de la RKO à Encino, près de Los Angeles, le plateau occupe une surface monumentale de 16 000 m². Il comprend des immeubles, des maisons, 75 boutiques, une rue principale de 275m et même une usine. Pour encore plus de réalisme, on y fait venir des animaux, que ce soit des chiens, des chats et des pigeons afin de lui donner encore plus de vie.
Noël oblige, le film ne peut se faire sans neige ! Pourtant, le tournage se déroulant entre avril et juillet, il faudra se contenter de fausse. À l'époque, elle est créée avec des céréales peintes en blanc. Léger problème, marcher dessus fait un bruit de craquement et les dialogues doivent être réenregistrés plus tard en post-production. Capra souhaite pourtant que la prise de son soit faite en direct et demande à ce que l'on trouve un nouveau procédé pour la neige.
Une nouvelle technique est alors inventée, mélangeant du savon, de l'eau et un produit chimique qui sert habituellement pour éteindre les feux. Cette étrange tambouille sera ensuite projetée à travers une machine à vent. Cette manière de faire permet alors de faire tomber la neige dans le plus grand silence, tout comme la vraie. Cette innovation incroyable changea la production des longs-métrages pour ce genre d'environnement.
Le tournage de La Vie est belle dura à l'époque 90 jours mais le film marqua les esprits pour toujours.