Deux ans après "Patients" (2017), Grand Corps Malade et Mehdi Idir ont remis le couvert avec "La Vie scolaire". Un film sur la réalité de quartier que le duo de choc a écrit et réalisé. Leur pari d’engager de purs inconnus issus de la cité où ils ont tourné fut un véritable pari gagnant.
Le désir de coller à la réalité avec La Vie scolaire
C’est au sein d’un collège que Grand Corps Malade et Mehdi Idir ont fait le choix d’implanter l'intrigue de La Vie scolaire. La raison ? Tout se construit entre nos onze et nos quinze ans environ : les premiers flirts, l’affirmation de soi, les coups durs également. Et ce, dans l’enceinte du collège, mais également à l’extérieur. Dans la vraie vie autrement dit. Grand Corps Malade a ainsi confié avoir, au même titre que son collaborateur, adoré cette époque. Mehdi Idir avait lui ajouté :
C’est une période charnière qui nous a beaucoup marqués. Mais nos souvenirs datent des années 90. Il a fallu se remettre dans le bain, aller sur place pour observer
Raison pour laquelle les deux hommes se sont directement rendus au cœur de la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis. Le lieu de tournage devint alors un lieu de recrutement pour les co-réalisateurs qui ont intégré à leur équipe plus de deux-cents personnes dont une centaine d’enfants. Sachant que la plupart des jeunes de la cité ne partent pas en vacances l’été et n’ont pas grand-chose à faire de leur journée, il fut aisé de leur donner envie de rejoindre le tournage de La Vie scolaire. À ce propos n'hésitez pas à relire notre top des meilleurs films sur la vie scolaire.
Un travail gratifiant pour des visages inconnus
Sur cinq personnages principaux, trois sont issus du quartier, comme tous les figurants. Tel que l’expliquaient les réalisateurs, c’était très valorisant pour les enfants d’avoir été choisis. Devenir comédien avec un salaire au lieu de traîner les rues sans rien faire donnait un réel sens à leur vie. Ils se sont sentis utiles et importants, respectés. D’où leur envie de tout donner qui transperce l’écran. Après le succès de Patients, les cinéastes n’ont effectivement pas souhaité faire appel à des stars pour porter leur projet. Leur désir de tourner avec des acteurs peu connus était toujours aussi vivace.
Sur Patients, malgré la difficulté à financer un film sans têtes d’affiche, nos producteurs Éric et Nicolas Altmayer, tout comme Jean-Rachid, nous ont suivis. Alors on est repartis sur le même schéma avec La Vie scolaire.
Pour parvenir à obtenir des enfants un jeu le plus juste possible, c’est au sein d’une salle de classe que Grand Corps Malade et Mehdi Idir ont répété durant quinze jours. Tous deux étaient curieux de voir comment vingt-cinq élèves nullement issus du cinéma allaient agir et interagir. Tous devaient se sentir en confiance. Les comédiens devaient par ailleurs connaître leur texte sur le bout des doigts tandis que les figurants avaient pour rôle de foutre le bordel. Et tout cela devait sonner le plus naturel du monde. Enfermer un groupe de gamins dans une classe pendant les vacances d’été fut un bon stratagème pour illustrer le ras-le-bol étudiant !
Le groupe a existé dès les répétitions. C'est la magie des gamins. Ils sont vifs, intelligents, comprennent vite, s'approprient le texte et amènent le rôle ailleurs. Je ne veux pas dénigrer le travail des pros, mais parfois on a le sentiment que certains acteurs comprennent ce que tu attends et te le servent. Les gamins eux, restent eux-mêmes.