La nouvelle adaptation du roman "L'Amant de Lady Chatterley" de D. H. Lawrence est disponible sur Netflix. Et l’alchimie entre les deux personnages principaux crève l’écran ! Comment Emma Corrin et Jack O'Connell ont-ils tourné les scènes sensuelles ?
Sexe et sentiments
Après avoir été censuré pendant trente-deux longues années, le roman érotique L'Amant de Lady Chatterley a eu droit à plusieurs adaptations. La dernière en date est sur Netflix et réalisée par Laure de Clermont-Tonnerre. Dans L'Amant de Lady Chatterley, Sir Clifford Chatterley (Matthew Duckett) et son épouse Constance (Emma Corrin) sont heureux et amoureux à Londres. Or l’alchimie s’effrite et les projets s’envolent quand Clifford revient paralysé de la Première Guerre mondiale.
Épuisée par les soins prodigués à son époux, et frustrée de ne plus se sentir aimée et désirée, Connie fuit la demeure familiale où ils se sont installés en campagne. C’est au cours de ses promenades solitaires qu’elle fait la connaissance d’Oliver Mellors (Jack O’Connell), le garde-chasse du domaine…
Au-delà de la sensualité retrouvée et du sentiment de liberté qui en résulte, Lady Chatterley réalise combien elle se sentait seule avant l'arrivée d'Oliver dans sa vie. Le lien qui unit les deux amants va effectivement bien au-delà de simples rapports sexuels... Contre toute attente, les sentiments s’en mêlent.
L'Amant de Lady Chatterley chorégraphié
Afin de coller à leurs personnages parfaitement à l’aise avec leur nudité et totalement désinhibés, Emma Corrin et Jack O’Connell nous ont offert des scènes de sexe plus explicites que jamais. Sulfureuses et torrides à souhait, elles ont été chorégraphiées par la coordinatrice d'intimité Ita O'Brien. Laquelle a déjà œuvré sur des séries telles que Sex Education et Normal People. Tel que la réalisatrice française l’a révélé à nos confrères de chez Allociné, la chose qu’elle a le plus appréciée dans cette collaboration fut le fait de chorégraphier les scènes de sexe :
La danse, c'est important. Cela implique des mouvements et un langage du corps. Donc on a beaucoup travaillé là-dessus, et surtout sur l'émotion qui se cache derrière la scène. Parce que ce qui importe, c'est ce qu'elle raconte. Ce qu'elle procure comme émotion et comment elle fait avancer les personnages dans leur relation et dans leur transformation. Ces scènes racontent quelque chose de très précis et d'intime sur ce curseur, sur ce que veut dire cet amour.
Ce sont donc des danseurs qui ont initialement travaillé ces scènes. Au tour du duo d’acteurs d’être ensuite invités aux répétitions pour apprendre la chorégraphie. La présence d'une coordinatrice d'intimité offre d'avoir un environnement de travail plus sain. Basé sur la confiance, le respect et la communication. Laure de Clermont-Tonnerre a d’ailleurs collaboré avec Ita O'Brien pour mettre en forme les mouvements dans ces scènes majeures.
On a pu se parler de tout ce qui peut être gênant dans ce genre de scène. Sur les prothèses et des choses très techniques, basiques, mais en même temps qu'il faut évacuer. Après, on est beaucoup plus soulagés parce que finalement, on peut s'abandonner vraiment au travail et être le plus précis possible.
Une question de symbiose et de désirs communs
Tel que l’a rapporté la cinéaste, l’alchimie qui s’est d’emblée opérée entre Emma Corrin et Jack O’Connell ne s'invente pas. Les chorégraphies d'Ita O’Brien et sa mise en scène n’auraient pas suffi à rendre la passion aussi palpable. Sans cette magie, le tournage des scènes de sexe s’avère plus compliqué. Certes, les comédiens peuvent faire semblant. Mais la confiance réciproque qui est née entre les interprètes de Connie et Oliver a sublimé le tout. La réalisatrice avait par ailleurs vu en Emma Corrin la parfaite Milady :
On avait le même désir de raconter la liberté extatique, explosive à travers le corps. Emma Corrin a quelque chose de très rebelle au fond, qui n’est pas forcément visible au premier abord, mais qui est très subtil.
Jack O’Connell a de son côté apporté sa force et sa sensibilité pour correspondre à l'énergie de sa partenaire dans L'Amant de Lady Chatterley.
On avait très envie de raconter quelque chose en commun sur l'époque du film et sur notre époque, sur les rapports homme-femme, a expliqué la cinéaste. On voulait que Jack interprète un personnage sensible, entre le grand raffinement et le côté beaucoup plus opaque et plus renfermé. Jack a quelque chose de très tendre et de très vulnérable. Et ça, c'était très important que ce personnage ne soit pas un cliché de l'homme qui fuit dans les bois.
Un métier qui a de l’avenir
Le métier de coordinatrice d’intimité ne se résume pas à superviser la nudité ou à chorégraphier des scènes de sexe. Il offre également de veiller au respect des femmes dans une période post #Metoo. Il est ainsi le métier qui connaît la plus forte croissance dans l'industrie du divertissement. Un rôle important et bénéfique qui, selon Laure de Clermont-Tonnerre, aurait dû être instauré sur les plateaux de tournage il y a bien des années. À ses yeux, la majorité des scènes de sexe est ratée au cinéma. La faute au désir de s'en débarrasser au plus vite pour faire taire le malaise ambiant, tant du côté des comédiens que de l’équipe technique.
C'était très important d'avoir Ita, dans l'intérêt du film. C'était essentiel pour la mise en scène, le jeu et l'histoire. Et elle m'a vraiment aidée à aller beaucoup plus loin que ce que j'aurais pu imaginer. Donc ça a été une grande surprise. En fait, cette collaboration a été très importante et vraiment, je recommencerai.
Grâce au professionnalisme d’Ita O’Brien lors du tournage de L'Amant de Lady Chatterley, l’ambiance fut assez bon enfant. Les comédiens se sont beaucoup amusés sous le regard bienveillant de la réalisatrice qui leur conférait un environnement professionnel et libre.