Rencontre avec les réalisateurs du film "L'Année du Requin" pour évoquer le tournage, mais aussi le "vrai" requin, la fin alternative et l'ombre des Dents de la Mer.
L'Année du requin : un gros poisson sème le trouble dans les Landes
Pour le tout premier film de requin français, L'Année du Requin, les réalisateurs Zoran et Ludovic Boukherma (Teddy) ont choisi une plage tranquille des Landes comme décor. Mais les vacances vont rapidement être troublées par l'arrivée inattendue d'un squale.
Le pitch :
Maja, gendarme maritime dans les landes, voit se réaliser son pire cauchemar : prendre sa retraite anticipée ! Thierry, son mari, a déjà prévu la place de camping et le mobil home. Mais la disparition d’un vacancier met toute la côte en alerte : un requin rôde dans la baie ! Aidée de ses jeunes collègues Eugénie et Blaise, elle saute sur l’occasion pour s’offrir une dernière mission…
Au casting de cette comédie, on retrouve Marina Foïs dans le rôle de Maja, et Kad Merad dans celui de son mari. Jean-Pascal Zadi et Christine Gautier complètent l'affiche, aux côtés de comédiens non-professionnels.
En salles le 3 août, nous avons rencontré les deux réalisateurs de L'Année du requin pour évoquer les coulisses de ce film surprenant.
Rien ne serait arrivé sans le COVID...
L'écriture de L'Année du Requin a débuté avant celle de Teddy (sorti en 2021) mais les deux réalisateurs n'étaient pas satisfaits du scénario. Jusqu'à l'arrivée de la crise sanitaire, qui s'est avérée être l'élément déclencheur du film :
On a repris le scénario du film pendant le confinement. L’idée d’un intrus qui entre dans nos vies, comme l’a fait le virus, et nous impose de tout fermer. Il y avait un parallèle à faire avec un requin qui arrive et qui trouble une saison touristique, qui engendre la fermeture. Si le film ne résonne pas avec une actualité sociale, ça ne nous intéresse pas.
Passer après Spielberg
Quand on s'attaque à la figure du requin au cinéma, l'ombre de Steven Spielberg n'est jamais très loin. L'Année du Requin ne déroge pas à la règle et le long-métrage multiplie les références aux Dents de la Mer. Un choix délibéré de la part des frères Boukherma :
Il y a tout un culte qu’on ne peut pas ignorer. On s’en amuse dans le film. Il y a une séquence entière en hommage. Emmener les monstres du cinéma US dans le sud-ouest, faire un film hybride, c’est aussi un moyen de s’éloigner de ces références, et de faire nos propres films. On utilise cette figure ultra connue pour parler de notre époque. C’était une façon de détourner le code, sans pour autant en faire un remake.
Un animatronique impressionnant
Comme Steven Spielberg, les réalisateurs français ont choisi d'utiliser un animatronique pour mettre en scène leur requin. Un vrai challenge mais aussi un gros plaisir d'avoir un squale grandeur nature sur le tournage :
Il faisait 4 mètres 50. On a demandé à Pascal Molina, spécialiste des animatroniques, de nous fabriquer un requin. Un vrai challenge car il ne disposait que de 7 semaines pour y arriver. Pendant les 4 premières semaines, il n’y avait pas de requin sur le plateau. On l’a donc testé en tournant. Il s’est planté dans la vase le premier jour. Il piquait du nez, sa queue sortait derrière, il fallait rééquilibrer les poids à l’intérieur. Mais l’avoir sur le plateau était vraiment chouette pour les comédiens, plutôt que d’avoir une balle de tennis à regarder devant un fond vert. Même pour nous, de l'avoir sur le retour vidéo, c'était beaucoup plus stimulant.
Une fin plus sombre envisagée
Si L'Année du Requin se termine sur une happy end, un autre dénouement, bien plus sombre, a été envisagé par les réalisateurs :
On a fait plusieurs versions. Ça a été un vrai débat. On voulait que ça termine mal. Sur le papier, on imaginait quelque chose d’un peu plus moral où son mari se tuait en allant la chercher. L'excès d’ambition de Maja finissait par aboutir à un drame. Mais le film n’avait pas les épaules pour porter une fin aussi tragique. On y a donc renoncé.