En 2009, Maïwenn rassemble pour "Le Bal des actrices" un casting inédit composé d'un grand nombre de comédiennes chacune dans leur propre rôle. Une proposition que beaucoup ont acceptée, mais pour laquelle la réalisatrice a aussi essuyé pas mal de refus...
Premier succès grand public pour Maïwenn
Trois ans après son premier film Pardonnez-moi, Maïwenn réalise Le Bal des actrices sorti en janvier 2009. Tourné sous forme de faux documentaire, cette seconde réalisation met en scène une pléiade d'actrices françaises (de Marina Foïs à Karin Viard en passant par Jeanne Balibar) incarnant chacune une phobie ou une obsession. Celle qui ne veut pas vieillir. Celle qui n'arrive pas à devenir mère. Ou encore celle qui devient has been. La réalisatrice de ce faux documentaire, incarnée par Maïwenn elle-même, va se prendre au jeu et se laisser dévorer par ces femmes aussi fragiles que manipulatrices.
Avec plus de 300 000 entrées, Le Bal des actrices est à ce jour le troisième plus gros succès de Maïwenn après Polisse en 2011 (plus de 2 millions d'entrées) et Mon Roi en 2015 (autour de 700 000 entrées). À la sortie du film, la critique s'est montrée particulièrement enthousiaste. "Un film drôle et intrigant, doté d'un casting exceptionnel et fort d'une ambition plus maligne qu'il n'y paraît" pour Le Parisien. Pour 20 Minutes : "La réalisatrice fait partager sa passion avec une pudeur remarquable et un humour ravageur, témoignant d'un vrai talent de cinéaste". Et encore, "une comédie irrésistiblement drôle et acide avec une ribambelle de comédiennes épatantes" pour Le Figaroscope.
"Les acteurs et les actrices, c'est la seule chose qui m'importe"
Depuis longtemps, Maïwenn rêvait d'écrire un film sur les actrices. Le principe du Bal des actrices est alors de mettre en scène plusieurs profils de comédiennes à des stades différentes de leur carrière : débutantes, connues, inconnues, sex symbol, has been... Le principe du faux documentaire s'est vite imposé à Maïwenn. Elle avoue en effet avoir "une fascination pour les œuvres qui parlent de l’envers du décor". Elle expliquait ainsi au magazine Femina en 2009 comment elle avait approché les actrices :
Je me suis fait une liste des actrices avec lesquelles j'avais envie de travailler. Et j'ai été les voir une par une en leur disant : "je vous aime. J'ai envie de faire un film avec vous. Je n'ai pas encore de rôle concret à vous proposer car je vais écrire pour chacune de celles qui l'acceptent." Et leurs réactions ont dessiné la suite de ce projet. Certaines ne m'ont pas plu ou l'approche avec leur agent était déjà trop compliquée en soi. Mais la plupart des comédiennes se sont engagées sans lire !
La caractéristique de chaque actrice a parfois été inspirée du vécu des comédiennes, avec Linh Dan Pham notamment sur le rapport entre son métier et ses parents, mais aussi purement fictionné dans un mélange entre ce que voulait jouer l'actrice et les idées de Maïwenn. D'autres séquences du film ont été créées à partir d'anecdotes entendues dans le milieu du cinéma. Par exemple, les injections de Botox et le rapport à la vieillesse que joue dans le film le personnage de Marina Foïs.
L'affiche du film a contribué à faire parler de lui au moment de sa sortie. Elle représente les corps nus de plusieurs stars du film enchevêtrées. Les producteurs pensaient d'abord qu'elle ne reflétait pas l'aspect comique du film et certaines actrices comme Charlotte Rampling ont refusé de se prêter au jeu. Malgré tout, Maïwenn a insisté pour que cette affiche existe.
Comme mon film est une fausse mise à nu, j’ai décidé de pousser le bouchon un peu plus loin, en allant vraiment au bout de ce raisonnement !
Les actrices qui ont refusé le film
Même si la plupart des actrices ont accepté le film sans lire de scénario, d'autres ont rapidement refusé le projet. C'est le cas notamment d'Isabelle Adjani, avec qui Maïwenn avait tourné enfant dans L'été meurtrier en 1983. La réalisatrice le racontait dans Standard Magazine au moment de la sortie du film.
On ne pouvait pas tricher avec son image. Encore moins avec celle d’Isabelle Adjani. Je lui avais écrit un rôle qui tenait compte de cela, celui d’une femme de 50 ans qui a du mal à vieillir, jouant sans arrêt des rôles sans âge, cachée par des lunettes ou des chapeaux. Visiblement, elle ne l’a pas supporté. Sans doute parce qu’elle ne voulait pas crédibiliser ce qui transparaît d’elle. Je l’ai rencontrée longuement, plusieurs fois, en amont. Elle est fascinante mais elle est surtout son propre pire ennemi, tellement dans l’auto-analyse que cette femme vraiment brillante, intelligente, a fini par être bloquée par ses qualités.
Plus tard, Charlotte Rampling a déclaré qu'Adjani était "folle" d'avoir refusé ce projet. Selon elle, elle aurait eu le meilleur rôle du film. Mathilda May et Valérie Kaprisky ont également refusé de jouer sous leur propre nom le rôle de l'actrice has been. Ce rôle a été ainsi repris par Romane Bohringer. D'autres actrices ont tout simplement été coupées au montage : parmi elles, Mélanie Laurent mais aussi Isild Le Besco, qui n'est autre que la soeur de Maïwenn.