Gérard Lanvin et Benoît Poelvoorde forment un duo mémorable dans "Le Boulet". Face à l'énergie et la répartie du second, le premier a peur de ne pas être à la hauteur pendant le tournage.
Le Boulet : "on ze road again"
Long-métrage qui connaît un tournage mouvementé, marqué notamment par le départ du réalisateur Alain Berbérian à cause de désaccords avec le producteur Thomas Langmann, qui le remplace par Frédéric Forestier, Le Boulet est une comédie d'action qui n'hésite pas à rivaliser avec les grosses productions hollywoodiennes. Doté d'un budget d'environ 27 millions d'euros, le film présente un tandem improbable, dans la lignée de ceux de La Chèvre, Les Fugitifs ou encore Marche à l'ombre.
D'un côté : Moltès (Gérard Lanvin), criminel endurci qui joue chaque semaine son ticket de loto en espérant pouvoir toucher le pactole. De l'autre : Reggio (Benoît Poelvoorde), maton autoritaire chargé d'acheter les tickets du prisonnier. Lorsque le caïd remporte la coquette somme de quinze millions d'euros, il vit très mal l'arrêt maladie du surveillant pénitentiaire. Il s'évade à un mois de sa libération et retrouve le gardien en pleine tentative de suicide.
Si Reggio est au bout du rouleau, c'est parce que sa femme Pauline (Rossy de Palma) s'est envolée pour un rallye en Afrique avec le fameux ticket. Le truand et le maton s'envolent ensemble pour Bamako dans l'espoir de la retrouver. Débute une collaboration explosive et perturbée par le Turc (José Garcia), tueur enragé qui cherche à se venger de Moltès pour le meurtre de son frère.
Djimon Hounsou, Gérard Darmon, Jean Benguigui, Stomy Bugsy, Omar Sy ou encore Jamel Debbouze complètent la distribution du Boulet. À sa sortie en 2002, le long-métrage est un succès qui réunit près de 3,2 millions de spectateurs dans les salles françaises.
Benoît Poelvoorde, "une pile électrique"
De retour à l'action près de vingt ans après Les Spécialistes, Gérard Lanvin est l'unique comédien envisagé pour incarner Moltès. Pour lui donner la réplique, Patrick Timsit est évoqué dans un premier temps. Une association qui manque d'originalité selon l'acteur de Camping et Le Goût des autres, comme il l'explique auprès de BFMTV en 2022 :
J'aime le mec. Il me fait hurler de rire sur scène. Mais c'était tellement convenu.
Gérard Lanvin glisse alors le nom de Benoît Poelvoorde, qu'il admire depuis qu'il a découvert son incroyable performance dans C'est arrivé près de chez vous. En 2020, le premier affirme à Télé 7 Jours qu'il aurait sans doute renoncé au long-métrage si le second n'avait pas été engagé :
Sans lui, je ne faisais pas le film. Je ne le connaissais pas personnellement, mais j’admirais l’acteur. C’est une énorme pointure à deux pieds, un homme très intelligent et cultivé. Et tous les deux, on joue à l’instinct.
Le duo est "tellement atypique" qu'il fonctionne parfaitement à l'écran. Pourtant, pendant le tournage, Gérard Lanvin a peur d'être éclipsé par l'énergie de son partenaire :
La folie de Benoît, je la connaissais pour l’avoir vue à l’écran. Sur le plateau, je me disais : 'Il va mettre le délire à une hauteur telle que je ne vais pas pouvoir suivre'. Lui et José Garcia, ce sont deux piles électriques !
Mais l'admiration est réciproque et de son côté, Benoît Poelvoorde n'hésite pas à demander des conseils au lauréat de deux César :
C’est Gérard Lanvin qui a pensé à moi pour ce rôle de crétin pas méchant. Il m’a appris énormément de choses dans le jeu, et c’est à lui que je demandais : 'Ça va ou pas ?'