Peu de temps avant l'arrivée du Covid-19 en France et de la fermeture des salles de cinéma, Clint Eastwood a eu le temps de présenter son nouveau film : « Le Cas Richard Jewell ». Basé sur une histoire vraie, on a eu envie de se focaliser sur le réel qui a inspiré le cinéaste.
Le Cas Richard Jewell : Clint Eastwood continue ses hommages aux héros anonymes
En février 2020, Clint Eastwood offre à ses fans sa nouvelle réalisation : Le Cas Richard Jewell. Porté par Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, Jon Hamm ou encore Olivia Wilde, le long-métrage s'inscrit dans une mouvance un peu particulière de la carrière de Clint Eastwood. En effet, Le Cas Richard Jewell se situe dans une continuité de films centrés sur des héros inconnus, aux destinés inédites (American Sniper en 2015, Sully en 2016 et Le 15h17 pour Paris en 2018).
Avec une nomination aux Oscars et seulement 43 millions de dollars de recettes au box-office (pour un budget de 45 millions), Le Cas Richard Jewell a été un échec financier pour la Warner et Clint Eastwood. Pour autant, le long-métrage a reçu des retours critiques positifs, notamment grâce à son histoire passionnante. Le récit raconte en effet le destin de Richard Jewell, qui, en 1996, est l'un des premiers à alerter de la présence d'une bombe lors des Jeux d'Atlanta. Mais le héros se retrouve rapidement suspecté de terrorisme, passant du stade de sauveur à celui de l'homme le plus détesté des États-Unis.
Focus sur l'histoire vraie derrière le film
Évidemment, Le Cas Richard Jewell s'inspire de faits réels, et Clint Eastwood a essayé de rester le plus fidèle possible à la réalité. Ainsi, le 27 juillet 1996, pendant les Jeux Olympiques d'été d'Atlanta, Richard Jewell, alors membre de la sécurité de l'événement, découvre un sac caché derrière un banc. Celui-ci contient un puissant explosif. Richard Jewell réagit au quart de tour et permet à la foule d'évacuer à temps, limitant ainsi le nombre de blessés. Il est alors acclamé en héros par la presse qui en fait sa coqueluche pendant quelques jours, avant que la situation ne se retourne. Le FBI ouvre une enquête sur Richard Jewell et l'accuse d'avoir lui-même posé la bombe pour ensuite se faire passer pour un héros. Ainsi, pendant 88 jours, Richard Jewell reste dans le viseur du FBI qui ne lâchera pas le morceau.
Clint Eastwood a donc décidé de raconter les mésaventures de ce monsieur tout le monde, pris dans une spirale sans fin. Le scénariste Billy Ray, qui a travaillé aux côtés de Eastwood, s'est basé sur un article de Vanity Fair écrit par Marie Brenner en 1997. La journaliste était sur place juste après l'attentat. Elle a alors passé beaucoup de temps avec Richard Jewell, avec sa mère Bobi Jewell et avec leur avocat Watson Bryant. Elle se souvient que :
En 1996, la police était obsédée par le 'profilage', et dans la frénésie qui devait régner au sein des bureaux de la police après l’attentat, ils ont regardé ce brave gars un peu excentrique qui avait trouvé la bombe et ils se sont dits : ‘C’est la théorie du terroriste solitaire !’. Ça s’est transformé en une chasse aux sorcières, un terme aujourd’hui galvaudé mais qui désigne parfaitement ce qui est arrivé à Richard. Avec Bobi, ils ont subi une pression démesurée et auraient pu craquer à tout moment. Le séjour que j’ai passé à Atlanta et mes rapports avec Richard ont eu un profond impact sur moi en tant que journaliste. C’est rare qu’une histoire m'obsède à ce point et c’est encore plus rare que je reste en contact avec les personnes sur lesquelles j’ai enquêté. J’ai fini par me donner pour mission de rendre justice à cet homme.
La meilleure reconstitution possible
Clint Eastwood, en grand cinéaste, n'a rien voulu laisser au hasard. Le cinéaste a profité de Le Cas Richard Jewell pour faire une reconstitution impressionnante. Déjà, le choix de Paul Walter Hauser est une des meilleures idées du film. Clint Eastwood se rappelle d'ailleurs l'effet que le comédien a eu sur Bobi Jewell (jouée par Kathy Bates dans le film) :
L'avocat Watson Bryant et Bobi Jewell étaient présents dans le studio et notre directeur de casting leur a présenté Paul Walter Hauser. Ça a été un choc pour elle car Paul ressemble beaucoup à Richard. Une fois passée cette première impression, elle a admis que Paul serait parfait pour le rôle.
Eastwood et son équipe ont évidemment reconstitué de nombreux éléments de l'histoire. Les décors, les jeux d’Atlanta, le parc Centennial, la salle de rédaction de la journaliste Kathy Scruggs, etc... Clint Eastwood est même allé jusqu’à recréer le plus fidèlement possible l'interrogatoire du FBI. Les authentiques images de cette rencontre ont servi de support à la production comme le précisait le producteur Tim Moore :
Notre scène d'interrogatoire s'en rapproche énormément, en matière d'axes de caméra et de dialogues. Clint Eastwood tenait à ce que la séquence soit parfaitement conforme à la réalité pour que le spectateur se demande si cet interrogatoire a vraiment eu lieu. Tout cela a bel et bien eu lieu. À partir du moment où on raconte une injustice subie par un être humain, il s'agit d'être d'une précision absolue. Quand on visionne l'enregistrement de l'interrogatoire d'origine, on constate que Clint en a respecté le déroulement quasiment à la lettre.
Encore une fois, Clint Eastwood prouve son talent pour raconter fidèlement des histoires. Quant à Richard Jewell, il est décédé dix ans plus tard, d'une défaillance cardiaque consécutive de son diabète. Et pour vous prouver que ce récit a vraiment fait le tour du monde, voici les archives d'un document France 2 consacré à l'histoire de Richard Jewell :