"Le Cercle rouge" est un des grands films de Jean-Pierre Melville. Un polar passionnant et sombre porté Alain Delon, Yves Montand et Bourvil, juste avant sa mort. C8 diffuse le film ce soir, suite à la mort d'Alain Delon.
Jean-Pierre Melville maître du polar français
Jean-Pierre Melville a marqué le cinéma français par ses polars sombres. Entre autres, on pourrait évoquer Le Samouraï, Le Cercle rouge ou encore Un flic. Des films qui traitent souvent de la solitude de truands et de policiers qui s'affrontent. L'impact du cinéaste est indéniable, et dépasse nos frontières. Il a en effet souvent été cité par des réalisateurs étrangers comme Quentin Tarantino, Martin Scorsese et Michael Mann.
Le Cercle rouge (1970) est justement un de ces œuvres très influentes. Porté par Alain Delon (mort le 18 août 2024 à 88 ans), Bourvil, Gian Maria Volonte et Yves Montand, le film suit Corey, qui sort de prison après cinq ans. Dès sa sortie, un nouveau coup s'offre à lui. Après moult péripéties, le truand fait la rencontre de Vogel, qui vient d'échapper au commissaire François Mattei. Ensemble, ils vont tenter de s'attaquer à une bijouterie de la place Vendôme à Paris. Pour mener à bien ce casse, il leur faut faire appel à un excellent tireur capable de neutraliser le système de protection de la bijouterie. Ils engagent ainsi Jansen, qui se révèlera à la hauteur malgré son penchant pour l'alcool.
Le Cercle rouge, gros succès de 1970
Le Cercle rouge est un film culte, célèbre justement pour cette fameuse scène du casse de la bijouterie. Une séquence qui a par exemple marqué le réalisateur Jérémie Guez, qui y repense à chaque fois qu'il passe devant la place Vendôme, comme il nous le confiait en promotion pour sa série B.R.I sur Canal+.
Mais c'est dès sa sortie en salles que le film de Jean-Pierre Melville a marqué les esprits. À l'époque, le long-métrage avait cumulé plus de 4,3 millions d'entrées. Un score impressionnant qu'un film de ce genre aurait beaucoup de mal à atteindre aujourd'hui. Il faut dire qu'en plus d'être parfaitement maîtrisé par Melville, Le Cercle rouge a pour argument son casting prestigieux, très populaire en 1970, comme le soulignait Le Figaro.
Le film vaut bien sûr par son incroyable réunion d’acteurs. On y retrouve un Delon froid, ténébreux, mutique et impassible. La France est alors en pleine «delonmania». (...) Et le gaulliste Delon s’associe dans Le Cercle rouge au compagnon de route du Parti communiste Yves Montand. Comme dans la résistance, c’est toute la France qui se retrouve et se réunit dans le cinéma de Melville. (...) Et bien sûr Bourvil, de son vrai nom André Raimbourg, qui pour la première fois n’est plus crédité au générique comme simplement «Bourvil» (son nom de scène) mais, avec son prénom, comme «André Bourvil» (sa véritable identité).
Concernant Bourvil, ce dernier était d'ailleurs très malade et recevait des piqûres de morphine durant le tournage. Un mois avant la sortie, l'acteur légendaire meurt le 23 septembre 1970, rendant encore plus iconique ce "rôle inattendu et tragique d’un policier mélancolique et déterminé".
L'explication du titre du film
Enfin, il y a dans le film un détail important pour comprendre le titre du film. Dès l'ouverture, Jean-Pierre Melville inclut une longue citation de Rama Krishna : "Çakya Muni le solitaire, dit Sidarta Gautama le sage, dit le Bouddah se saisit d’un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents. Au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge".
Ce à quoi il faut ajouter la séquence où Alain Delon joue seul au billard. En référence au titre, il crée un cercle rouge à la craie sur sa queue de billard. Les craies de billard étant habituellement bleues, l'utilisation d'une craie rouge n'est évidemment pas anodine et ajoute à la symbolique de la séquence, renforcée aussi par les deux boules blanches et la boule rouge avec lesquelles joue le personnage de Corey.
Cette scène, et cette citation du début du film, renvoient ainsi à l'une des thématiques du film, à savoir l'enfermement des protagonistes et leur destin tragique, comme l'analyse le site Libre Savoir : "Un film où décors, personnages et comportements tournent autour du thème central de l'enfermement pour dessiner un destin qui ressemble à une tragique fatalité : c'est, en effet, un jeu du chat et de la souris ou, plus gravement, un jeu d'échecs et mat, c'est-à-dire de vie et de mort qui se déroule à l'écran entre les truands et les flics".