Grand polar d'Henri Verneuil, "Le Clan des Siciliens" réunit Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura. Pour ce film, le réalisateur eut beaucoup de mal à tourner la séquence d'érotisme où l'actrice Irina Demick apparaît nue.
Le Clan des Siciliens, ce grand polar à la française
Avec Le Clan des Siciliens (1969), adapté du roman d'Auguste Le Breton (1967), Henri Verneuil est parvenu à réunir trois des plus grands acteurs du cinéma français. Avec Jean Gabin, Lino Ventura et Alain Delon, le réalisateur a pu diriger un trio de légende. Car même s'il était le plus jeune et encore au début de sa carrière, Delon était déjà une star avec une trentaine de films à son actif en plus de dix ans. Dans Le Clan des Siciliens, il interprète Roger Sartet, un voleur emmené au Palais de Justice. Mais durant le transport, il parvient à s'évader grâce à l'aide de membres de la mafia sicilienne.
Emmené ensuite chez les Manalese, il est chargé par le chef Vittorio (Jean Gabin) de monter un nouveau coup pour voler une collection de bijoux. Dans le même temps, le commissaire Le Goff (Lino Ventura) va tout faire pour retrouver Sartet.
Le Clan des Siciliens est resté dans les mémoires pour plusieurs raisons. Outre son casting de choix, et le fait qu'il s'agisse d'un des très rares rôles de "méchant" de Jean Gabin, le film est accompagné par un thème musical mythique composé par l'immense Ennio Morricone. Un morceau qu'on entend en boucle dans le long-métrage sans jamais se lasser.
Une scène trop osée pour Henri Verneuil
Dans la première partie du film, après son évasion, Sartet est donc emmené près de la frontière italienne. Logé par la famille Manalese, il fait notamment la connaissance de Jeanne (Irina Demick), l'épouse d'un des fils de Vittorio. Vient alors cette scène où la jeune femme attire l'attention de Sartet en s'allongeant entièrement nue sur la plage. Ce dernier s'approche et on comprend bien ce qui va suivre...
L'adultère a donc lieu, avec Jeanne et Sartet cachés par un rocher. Une séquence assez anodine aujourd'hui mais qui, à l'époque, fut difficile à tourner pour Henri Verneuil. Le cinéaste n'était pas particulièrement à l'aise avec l'érotisme. C'est pourquoi il eut recours à cet imposant rocher pour pouvoir filmer tout en cachant toute nudité, racontait la journaliste Odile Grand dans L'Aurore, en citant le réalisateur :
Ce rocher, c’est toute une histoire… Dans Le Clan des Siciliens, il fallait cette scène un peu hardie. C’est le détail démolisseur de machines bien huilées. Et, comme dit Verneuil : 'L’érotisme –au cinéma- n’est pas mon fort. Le hold-up, le suspense, la surprise, je les avais fignolés. Restait la scène sur ma conscience. Je la ferai demain, et puis demain… Un jour, il fallut s’y mettre.
Dans les studios de Saint-Maurice, mon décorateur m’en avait fabriqué un sur mesure. Un rocher qui, que… »L’érotisme –au cinéma- n’est pas mon fort. Le hold-up, le suspense, la surprise, je les avais fignolés. Restait la scène sur ma conscience. Je la ferai demain, et puis demain… Un jour, il fallut s’y mettre. Dans les studios de Saint-Maurice, mon décorateur m’en avait fabriqué un sur mesure. Un rocher'.
Henri Verneuil s'est donc servi de ce rocher, d'abord pour les répétitions, puis au moment de tourner.
Verneuil s’était attaché à son rocher au point qu’il fallut l’apporter sur place. Sans son gros caillou, il se sentait perdu, en terrain étranger, coupé du monde. C’était, en quelque sorte, sa feuille de vigne morale.
Comme quoi, on peut filmer des fusillades ou un avion qui atterrit, mais perdre ses moyens devant une femme nue...