Le Corniaud : retour sur la folle histoire vraie à l'origine du film

Le Corniaud : retour sur la folle histoire vraie à l'origine du film

Dans "Le Corniaud", Bourvil conduit sans le savoir une Cadillac bourrée d'héroïne, que lui a prêté le trafiquant joué par Louis de Funès. Une histoire improbable inspirée de faits pourtant bien réels, connus sous le nom de l'affaire Jacques Angelvin.

Le Corniaud : un tandem inoubliable

S'ils s'étaient déjà croisés dans Poisson d'avril et La Traversée de Paris, Louis de Funès et Bourvil deviennent un véritable duo culte en 1965 avec Le Corniaud, que Gérard Oury reforme un an plus tard avec La Grande vadrouille. La comédie débute sur la collision entre la 2CV d'Antoine Maréchal (Bourvil) et la Rolls Royce de Léopold Saroyan (Louis de Funès).

Le Corniaud
Le Corniaud ©STUDIOCANAL

Le second propose au premier d'utiliser une superbe Cadillac pour ne pas rater ses vacances en Italie après l'accident, en lui demandant simplement de l'amener de Naples à Bordeaux. Conquis, Maréchal accepte. Il ne se doute pas que Saroyan est un trafiquant et que son véhicule contient une énorme quantité d'héroïne, de l'or, des pierres précieuses mais aussi le Youkounkoun, plus gros diamant au monde.

À sa sortie, Le Corniaud est un carton. Le long-métrage réunit plus de 11,7 millions de spectateurs français dans les salles obscures, s'imposant comme le plus gros succès au box-office de l'année 1965.

L'affaire Jacques Angelvin

Pour le scénario du film, Gérard Oury, Georges Tabet, André Tabet et Marcel Jullian se basent sur un fait divers lié à la French Connection, la principale filière mondiale d'héroïne gérée par la mafia corse de Marseille jusque dans les années 1970. Le 21 janvier 1962, trois avant la sortie du Corniaud, l'animateur de télévision Jacques Angelvin se fait arrêter à New York. Le présentateur de l'ORTF s'est alors rendu aux États-Unis aux côtés des criminels François Scaglia et Jean Jehan, présents pour négocier la marchandise avec les gangsters américains, d'après Vingtième siècle. Revue d'histoire.

Jacques Angelvin est interpellé par Sonny Grosso et Eddie Egan, deux inspecteurs du NYPD qui inspirent les personnages joués par Gene Hackman et Roy Scheider dans le grand French Connection de William Friedkin. Les policiers découvrent plus de cinquante kilos d'héroïne répartis dans la Buick de l'animateur. Ce dernier leur assure qu'il ne savait pas que de la drogue se trouvait dans son véhicule.

Le Corniaud
Le Corniaud ©STUDIOCANAL

Quelques heures après son arrestation, Jacques Angelvin est incarcéré comme "complice présumé" du réseau, selon les informations du Monde. Plus d'un an plus tard, le 15 septembre 1963, il est condamné à une peine de trois à six ans de prison, toujours selon Le Monde. Libéré en 1967, il raconte son expérience carcérale dans l'ouvrage Mes prisons américaines. Son histoire fascine Gérard Oury, qui déclare dans son autobiographie (via Télé Star) :

J'en ai rêvé de cette histoire. Ce présentateur croupit en prison à New York pour avoir emmené par bateau sa voiture américaine en Amérique. Cela a paru louche. (...) Ou alors le type ne savait rien. C'est ce qu'il prétend, ce corniaud !