S'il a attendu les années 1990 pour réaliser "Le Dernier des Mohicans", Michael Mann y pensait depuis son enfance après avoir découvert la version de 1936, dont une scène en particulier diffère du roman d'origine.
Le Dernier des Mohicans : grand drame historique de Michael Mann
Six ans après Manhunter (1986) et trois ans avant de livrer son chef-d'œuvre Heat (1995), Michael Mann a réalisé Le Dernier des Mohicans (1992). Un film superbe, adapté du roman éponyme de James Fenimore Cooper, publié en 1826. Une adaptation libre puisque le cinéaste a effectué plusieurs changements au scénario par rapport au récit d'origine.
Son long-métrage se déroule tout de même en 1757, en pleine guerre de la Conquête. Durant ce conflit, les Français et les Britanniques se sont affrontés pour la domination de l'Amérique du Nord. Les deux camps étaient alors accompagnés d'Amérindiens. On découvre ainsi dans le film les Mohicans, qui seront amenés à combattre pour les Britanniques.
Le film débute avec Nathanael, élevé par des Mohicans. Lui, son père et son frère qui l'ont adopté, n'ont alors que faire du conflit. Mais étant témoins d'une embuscade visant l'officier major Duncan Heyward et mené par des Hurons, ils décident d'intervenir. Nathanael va ainsi faire la rencontre de Cara Munro et de sa sœur Alice. Il ne tarde pas à tomber amoureux de la première et devra donc définitivement prendre position dans cette guerre.
Un casting et une musique mémorables
Outre cette partie romantique, Le Dernier des Mohicans est surtout un film reprenant les obsessions de Michael Mann. Il y est question du désir de liberté et de ne pas se soumettre aux règles d'un gouvernement et de ses institutions. À travers différentes scènes, le réalisateur oppose Nathanael, homme de la nature, libre, à cette société qui se construit autour de lui et de ses proches, et où les règles prennent le pas sur la logique.
Porté par Daniel Day-Lewis et Madeleine Stowe dans les rôles principaux, Le Dernier des Mohicans marque par son récit, le traitement fort de Michael Mann, et ses acteurs secondaires. Comme Jodhi May (Alice), bouleversante dans les derniers instants du film, et l'imposant Wes Studi (Magua). La composition de Trevor Jones (complétée par des morceaux de Randy Edelman) est également grandement à la réussite de l'œuvre. Une musique iconique qui fut nommée au Golden Globe de la meilleure musique.
Impossible aujourd'hui de ne pas associer le livre Le Dernier des Mohicans au film de Michael Mann. Pourtant, le long-métrage n'est pas la première adaptation du roman. C'est notamment la version de 1936, réalisée par George B. Seitz, qui a accompagné pendant des années l'esprit du cinéaste américain. C'est ce qu'il révélait lors d'une interview donnée à Vulture, où il était interrogé sur ses souvenirs cinématographiques les plus anciens.
L'influence de la version de 1936 et d'une scène tragique
À cette question, Michael Mann a donné deux films. Un film de pirates dont il ne se souvient plus du nom. Et donc Le Dernier des Mohicans de 1936. Le réalisateur était alors âgé de 4 ans, et a été frappé par ce qu'il voyait.
Je regardais la version de 1936 du Dernier des Mohicans en noir et blanc avec un projecteur bruyant. Les Indiens avaient le crâne rasé et n'étaient pas accompagnés de cow-boys, mais de militaires britanniques. C'était une telle anomalie par rapport à ces films avec lequels on a grandi, ces westerns avec l'image des cow-boys et des Indiens.
Surtout, Michael Mann se souvient d'une variation entre le roman et le film de 1936. Contrairement à l'œuvre littéraire, Cara Munro ne se fait pas tuer dans le film, mais sa sœur Alice se jette dans le vide. Des images qui sont "restées gravées dans (son) cerveau" toutes ces années, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à réaliser sa version.
En 1990 ou 1991, je ne savais pas quel film je voulais faire ensuite. Et l'idée m'est soudain venue. Je me suis dit : "Imbécile, tu as Le Dernier des Mohicans qui flotte dans ton cerveau depuis l'âge de 4 ans. Fais donc ce film".
Michael Mann a donc réalisé à son tour Le Dernier des Mohicans, huitième adaptation au cinéma du roman. Le long-métrage a été un beau succès avec plus de 75 millions de dollars de recettes au box-office mondial. Et évidemment, il a fait le choix de reproduire ce fameux plan de la mort d'Alice, lors du final grandiose du long-métrage. Une scène qu'on vous laisse redécouvrir ci-dessous :