Le Discours : ces scènes qui ont été compliquées à tourner pour Benjamin Lavernhe

Le Discours : ces scènes qui ont été compliquées à tourner pour Benjamin Lavernhe

Le cinéaste Laurent Tirard a offert en 2020 une œuvre plus personnelle et surtout extrêmement ambitieuse en termes de mise en scène avec "Le Discours". Ce fut d'ailleurs un challenge pour l'acteur Benjamin Lavernhe.

Le Discours : une comédie pas comme les autres

Depuis Mensonges et trahisons et plus si affinités en 2003, le cinéaste Laurent Tirard enchaîne les grosses franchises. Le Petit Nicolas en 2010, Astérix et Obélix : au service de sa Majesté en 2012, Les Vacances du Petit Nicolas en 2014. On l'a aussi vu tourner plusieurs films avec Jean Dujardin : Un homme à la hauteur (2016) et Le Retour du Héros (2018). Mais en 2020, le réalisateur change de registre avec Le Discours. Une comédie douce-amère, qui porte un regard humain et rassurant sur le deuil amoureux. Une œuvre pleine de tendresse qui décortique les aléas des relations amoureuses.

Emmené par Benjamin Lavernhe, Sara Giraudeau ou encore Kyan Khojandi, Le Discours suit le destin d'Adrien, coincé à un dîner de famille. Il est déconnecté de la réalité puisqu’il attend que Sonia réponde à son SMS, et mette fin à la « pause » qu’elle lui fait subir depuis un mois maintenant.

Benjamin Lavernhe - Le Discours ©Le Pacte
Benjamin Lavernhe - Le Discours ©Le Pacte

La grande force de Le Discours, outre sa tendresse pour aborder la triste situation du deuil amoureux, c’est sa mise en scène. Laurent Tirard a voulu offrir à ses spectateurs une mise en scène très proche du théâtre. Il brise même le quatrième mur pour confronter son personnage principal, brillamment incarné par Benjamin Lavernhe, au public, qui se retrouve alors davantage concerné et en empathie avec son héros.

Une difficulté sans la post-synchro

Pour ces séquences, le cinéaste ne voulait pas refaire ses prises en post-synchro, un procédé qui consiste à réenregistrer les dialogues d'un film après le tournage. C'est ainsi en studio qu'on utilise la nouvelle version des dialogues et qu'on calle au mieux en respectant le mouvement des lèvres des acteurs.

Comme il l’explique dans le dossier presse du film, Laurent Tirard estime que ce procédé sonne faux. Il a donc tout fait pour éviter la post-synchro :

Nous avons fait des essais avec des perchmans autour de la table pour voir jusqu’à quel point les quatre acteurs pouvaient continuer leur conversation en baissant le ton pendant que Benjamin, lui, parlait à la caméra. Et c’est fou comme ils ont chopé le truc ! Ils étaient capables de détimbrer légèrement leur voix en un clin d’œil.

L'ingénieur du son n'a pratiquement pas eu besoin de faire de retouches en post-synchro grâce aux acteurs. Mais cette volonté de tout faire pendant le tournage était un véritable challenge pour Benjamin Lavernhe, comme il l’explique lui aussi dans le dossier de presse :

La caméra était un partenaire de jeu à intégrer. J’avais parfois envie de dire à la caméra : "Casse-toi, je veux jouer avec mes camarades" ! Une drôle de sensation. De plus, parler à la caméra accentue le trac car cela donne une conscience aiguë de ce que l’on est en train de jouer comme devant un miroir.

Enfin, certains passages du film nécessitent un arrêt sur image. Le protagoniste parle face caméra pendant que les autres personnages sont immobiles. Là encore, Laurent Tirard a voulu opter pour une mise en scène réaliste directement pendant le tournage :

Ils l’ont fait en vrai. Nous avons tourné une journée entière et ils ont refait la prise dix-huit fois ! Chapeau. Moi-même je n’étais pas sûr que ce soit possible. J’avoue tout de même que la technologie numérique a du bon : j’ai juste effacé quelques clignements d’œil.

Un travail acharné mais qui fait de Le Discours une pure réussite. Le film oscille entre comédie et émotion avec beaucoup de maîtrise. C’est un regard introspectif, angoissé, émotif sur le couple, l'amour et la rupture. C'est souvent très touchant et la mise en scène théâtrale, toujours en mouvement, offre un rendu superbe.