« Le Gendarme à New York » est marqué par la détérioration malheureuse des relations entre deux des comédiens les plus populaires de leur temps : Louis de Funès et Jean Lefebvre.
Le Gendarme : une saga comique culte
Dire qu’il a fallu une rencontre délirante entre un gendarme assez débonnaire en poste à Saint-Tropez et le scénariste Richard Balducci, pour imaginer une saga folle qui a marqué les années 60 et 70. C’est ainsi qu’en 1964 sort Le Gendarme de Saint-Tropez qui suit les aventures d’une brigade loufoque que le zélé maréchal Cruchot (joué par l’inénarrable Louis de Funès) tente de mettre au pas. Le Gendarme de Saint-Tropez rencontre alors à la surprise générale un succès considérable, arrivant en tête du box-office français de l'année 1964 avec plus de 7,8 millions d'entrées. Il apporte surtout la gloire à Louis de Funès puisqu'il s'agit de son troisième plus gros succès dans les salles françaises.
Pour le second opus sorti en 1968, on prend alors les mêmes et on recommence. On retrouve ainsi Michel Galabru, Louis de Funès et Jean Lefebvre dans Le Gendarme à New York. Cette fois, la brigade se déplace dans la célèbre ville américaine pour représenter la France au Congrès International de Gendarmerie. Sauf que sur place, tout ne se passe pas comme prévu. Une nouvelle fois, le film réalisé par Jean Girault est un énorme succès.
Octogone entre Louis de Funès et Jean Lefebvre
Si les relations entre Louis de Funès et Jean Lefebvre étaient au beau fixe dans Le Gendarme de Saint-Tropez, elles sont très loin d’être courtoises dans ce second volet. Durant plusieurs années, il a fait état de la mégalomanie (connue) de Louis de Funès d’être la seule grande star du film. De ce fait, il aurait tenté de réduire le personnage joué par Lefebvre. Toutefois, ce serait le contraire selon Michel Galabru dans son autobiographie Les Rôles de ma vie :
Jean Lefebvre ne cachait plus sa jalousie envers Louis de Funès. Il prétendait que de Funès avait fait couper plusieurs de ses scènes. Lefebvre avait un caractère curieux, avec une tendance à réclamer un peu continuellement.
Toutefois, selon Galabru, non seulement de Funès n’aurait pas agi comme cela, mais c’est surtout Lefebvre qui était devenu jaloux de l’ascension fulgurante de son collègue après Le Gendarme de Saint-Tropez. Par ailleurs, l’acteur, vu dans Les Tontons Flingueurs, ne s’est pas fait que des amis sur ce tournage puisqu’il est parvenu à s’embrouiller avec le réalisateur Jean Girault.
En effet, d'après le journaliste Bertrand Dicale, auteur de la biographie Louis de Funès, grimaces et gloire, une violente dispute aurait éclaté entre le réalisateur et l’acteur, forçant ce dernier à quitter le tournage. Par conséquent, son absence sur le plateau force les scénaristes à réécrire les péripéties du personnage. C’est donc pour cela que le rôle de Fougasse est considérablement réduit dans Le Gendarme à New York.
Le producteur du film est d’ailleurs revenu sur cet incident dans l’autobiographie de Michel Galabru :
Ce n'est pas à cause de Louis de Funès. C'est moi qui ai pris cette décision. Jean Lefebvre a fait arrêter le tournage sous prétexte qu'il était malade. Et nous l'avons surpris en train de jouer au casino en pleine nuit.
Une réputation de flambeur qui est malheureusement connue de tous. Cette crise sera le point de non-retour quant à la présence de Jean Lefebvre dans la suite de la saga Le Gendarme.