En 1985, la 20th Century Fox produit un remake de la comédie française culte "Le Grand Blond avec une chaussure noire", intitulé "L'Homme à la chaussure rouge". Pas de Pierre Richard à l'affiche, mais la jeune star montante Tom Hanks dans le rôle du violoniste maladroit pris dans une magouille entre espions.
Quand les États-Unis s'inspirent (mal) de la France
La France a du talent, et les américains regardent attentivement ce que le cinéma français produit. Adaptations libres ou remakes fidèles, on trouve ainsi un bon nombre de films nord-américains qui trouvent leur origine par chez nous. Mais faire le remake d'un succès français n'est pas la garantie d'un succès américain, et la 20th Century Fox l'a appris à ses dépens au milieu des années 1980 avec L'Homme à la chaussure rouge, et ce malgré un rôle principal tenu par la star montante Tom Hanks.
Un remake fidèle du classique Le Grand Blond avec une chaussure noire
En 1972, Yves Robert réalise Le Grand blond avec une chaussure noire avec Pierre Richard dans le rôle principal. Une comédie d'espionnage brillante qui remporte un grand succès en France et à l'étranger. Il est ainsi très remarqué aux États-Unis, où le National Board Review le distingue en 1973. La popularité du film d'Yves Robert donne donc des idées aux dirigeants de la 20th Century Fox, qui produisent son remake en 1985 : L'Homme à la chaussure rouge, réalisé par Stan Dragoti.
Au casting de ce remake très fidèle, il y a Tom Hanks, dont le personnage de Richard Drew est l'alter ego américain de celui de Pierre Richard. Son prénom est d'ailleurs un clin d'oeil au nom de famille de l'acteur français. Clin d'oeil aussi, celui du personnage interprété par Jim Belushi, Morris, qui correspond au personnage incarné par Jean Carmet dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, nommé Maurice. On retrouve dans L'Homme à la chaussure rouge le concept des chaussures dépareillées, la même intrigue d'espionnage, les mêmes personnages, avec quelques légères variations sur les événements pour coller à l'époque et à la culture américaine.
Son casting est notamment composé de Dabney Coleman, Carrie Fisher, Charles Durning, et Lori Singer, celle-ci reprenant sous le nom de Maddy le personnage de Christine incarnée par Mireille Darc dans le film original.
Un échec cinglant pour la 20th Century Fox et Tom Hanks
À sa sortie aux États-Unis, L'Homme à la chaussure rouge est un échec critique et financier. Pour un budget de 16 millions de dollars, il ne rapporte que 8,6 millions au box-office américain. La 20th Century Fox se mélange les pinceaux en prévoyant des sorties au cinéma dans différents territoires étrangers, pour finalement le lâcher dans le circuit vidéo. Il sort en France directement en VHS en 1987. Ce qui explique pourquoi il est très largement méconnu hors des États-Unis.
À l'époque, Tom Hanks fait partie des jeunes acteurs américains sous le feu des projecteurs. Devenu une star avec Splash de Ron Howard en 1984, il enchaîne avec Le Palace en délire et donc le navet - disons les termes - L'Homme à la chaussure rouge. En 1988, Big lui apporte de nouveau un grand succès. Avant que les débuts des années 90 ne le révèlent enfin comme un des plus grands acteurs de sa génération et une star planétaire, avec Philadelphia et Forrest Gump. Il sait bien que L'Homme à la chaussure rouge est un mauvais film, et le descend dans une interview donnée à Playboy en 1989.
Ce n'est pas un très bon film. Il n'y a pas d'idée, d'objectif réel ou clair. Il n'y a rien de particulier que l'on puisse vraiment comprendre. Ça n'a rien rapporté du tout.
Un film passé donc profondément sous les radars, et c'est très bien comme ça.