En 1966, Louis de Funès met sur chantier un projet qu'il imaginait depuis des années : "Le Grand Restaurant". Pour les besoins du film, la star n'a pas manqué d'idées pour mettre au point certains de ses gags. Dont celui du soufflé.
Le Grand Restaurant : un projet signé de Funès
Avant de devenir la grande star des années 60, Louis de Funès avait déjà l'idée de mettre en scène Le Grand Restaurant. En effet, l'acteur était dans sa jeunesse pianiste dans des cabarets et des restaurants. C'est dans ces lieux qu'il a pu observer le quotidien des Hommes de cuisine. D'ailleurs, l'acteur avait déjà teasé son rôle de restaurateur antipathique en 1962 via Le Gentleman d'Epsom (où il collaborait notamment avec Jean Gabin et Jean Lefebvre).
Il lui faudra pourtant attendre d'être un acteur incontournable pour mettre en place son projet personnel. En effet, Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantômas et Le Corniaud permettent à Louis de Funès d'avoir suffisamment de poids pour lancer la production du film Le Grand Restaurant. Pour ce long-métrage, le comédien enfile d'ailleurs deux casquettes : celle d'acteur et celle de scénariste.
Le Grand Restaurant suit donc M. Septime, patron d'un grand restaurant parisien qui est connu pour graisser la patte des riches clients tout en étant totalement infect avec son personnel. Son quotidien sera totalement bouleversé lorsque le chef d'état d'un pays d'Amérique du Sud est enlevé dans son restaurant. Tous les soupçons se portent alors vers M. Septime.
Si Le Grand Restaurant obtient moins d'entrées que La Grande Vadrouille sortie la même année, il attire toutefois 3,8 millions de spectateurs. Il devient surtout l'un des films les plus connus de la filmographie de Louis de Funès. Fidèle à son amour pour la gastronomie française, Louis de Funès reprendra peu ou prou le même genre de rôle quelques années plus tard dans L'Aile ou la cuisse.
Un gag culte
Si Louis de Funès n'est pas le réalisateur du film (bien qu'il l'ait fortement voulu), il a une forte emprise sur la mise en scène afin d'imposer ses idées et sa vision. Cela se retrouve notamment dans les gags que Louis de Funès met en place.
Le plus bel exemple reste la séquence du soufflé à la pomme de terre. En effet, pour cette scène culte, Louis de Funès choisit de prendre l'accent allemand pour susciter le rire auprès du public. Cependant, si l'acteur prouve une nouvelle fois qu'il a un don pour faire semblant de bien s'exprimer dans d'autres langues (cf Fantômas et La Grande Vadrouille), il n'est toutefois pas convaincu que l'accent seul peut faire rire.
Terriblement exigeant envers lui-même, il demande donc l'interruption des scènes afin de réfléchir à un gag plus complet, selon lui. Après une nuit d'insomnie, il revient ainsi le lendemain avec une idée totalement dingue : faire apparaître en ombres chinoises une moustache et une coiffure rappelant Hitler pendant qu'il explique la recette.
L'idée est plus qu'osée pour l'époque : en effet, la seconde guerre mondiale est terminée depuis à peine 21 ans. Ce genre de blague aurait pu être très mal pris, et déplaire à de nombreux vétérans de guerre, ainsi qu'aux victimes des exactions d'Adolf Hitler. Au final, après une seule prise, la scène est tournée et deviendra culte dans la carrière de De Funès.