Dans "Le Juge et l'assassin" de Bertrand Tavernier, Michel Galabru incarne le tueur Joseph Bouvier. Un grand rôle dramatique qui a changé la vie du comédien.
Le Juge et l'assassin : l'ambitieux et le fou
Après L'Horloger de Saint-Paul et Que la fête commence..., Bertrand Tavernier retrouve Philippe Noiret en 1976 pour Le Juge et l'assassin. Un long-métrage qui débute en 1893. Ancien soldat d'infanterie réformé, Joseph Bouvier (Michel Galabru) tire sur une jeune femme, Louise (Cécile Vassort), avant de tenter de se suicider. Ils survivent tous les deux.
Libéré de l'asile alors qu'il ne veut pas en sortir, Bouvier se met à errer dans les montagnes, violant et assassinant des bergères et des bergers. L'affaire parvient aux oreilles d'Émile Rousseau (Philippe Noiret), un juge arriviste qui rêve de gravir les échelons. Lorsque le meurtrier arrive dans sa région, Rousseau y voit l'occasion de le faire condamner puis exécuter, et d'obtenir une promotion. Il se rapproche de Bouvier dans l'espoir qu'il lui fasse ses aveux, refusant d'admettre sa folie et prétendant qu'il est sain d'esprit, et par conséquent responsable de ses actes.
Isabelle Huppert, Renée Faure et Jean-Claude Brialy complètent la distribution de cette confrontation entre deux violeurs et meurtriers, l'un des deux étant conscient et parfaitement intégré socialement. Le long-métrage, qui évoque également l'affaire Dreyfus ainsi que la création de la CGT en 1895, remporte deux César en 1977 : Meilleur scénario et Meilleur acteur pour Michel Galabru.
Du comédien "ringard" au César
Habitué des comédies célèbre pour Tartarin de Tarascon, La Cuisine au beurre et surtout Le Gendarme de Saint-Tropez, l'interprète de Joseph Bouvier trouve un grand rôle dramatique avec Le Juge et l'assassin. Le film marque la consécration de Michel Galabru et sa performance lui vaut enfin une véritable reconnaissance.
En 2011, l'acteur confie au Parisien :
C'est le premier grand film de qualité que j'ai fait. Jusque-là, j'avais participé à des petits films franchouillards. Avec Le Gendarme de Saint-Tropez, De Funès et moi, nous étions traités de ringards. Mais on ne nous proposait pas autre chose. Et voilà qu'un miracle se produit : Bertrand Tavernier, metteur en scène remarquable de L'Horloger de Saint-Paul, s'intéresse à moi.
Pour ce "rôle pas du tout évident à jouer", le comédien peut compter sur les conseils de son partenaire Philippe Noiret, "un très grand acteur, drôle intelligent, humain" qui prend le temps de le "rassurer". Michel Galabru assure à propos de ce chapitre majeur de sa carrière :
J'étais devenu un tout autre acteur sous la direction de Tavernier. Les critiques me portaient aux nues. Je me souviens de l'article d'un journaliste, Pierre Billard, qui a écrit : 'Le génie de Bertrand Tavernier est d'avoir trouvé dans le regard des gendarmes son assassin'. Tout a changé pour moi au cinéma.