"Le Maître d'école" est une belle comédie française où Coluche n'est que tendresse, entouré d'une troupe d'enfants hauts en couleurs. Pourtant, hors des caméras, sa vie était loin d'être rose.
Le Maître d'école : comment voir l'éducation autrement
En ce début des années 80, Coluche est une superstar. Il vient d'arrêter la scène, alors qu'il remplissait des salles de plusieurs milliers de personnes, pour se consacrer à temps plein au cinéma. Pour justifier ce choix de carrière, il a l'habitude de dire, avec l'humour corrosif qu'on lui connait, que "Le cinéma, c'est un métier de fainéant et ça rapporte gros.". Il vient d'y enchaîner plusieurs succès publics, de L'Aile ou la cuisse à Inspecteur la Bavure, les deux signés Claude Zidi, en passant par Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine qu'il a lui même mis en scène. Claude Berri, à l'époque, est déjà un réalisateur et producteur établi ayant connu de belles réussites en terme d'entrées avec Le vieil homme et l'enfant, Le Pistonné ou Je vous aime.
L'association des deux hommes devait donc sans nul doute faire trembler le box-office français. Claude Berri tombe sur le roman Mémoires d'un éducateur de Jules Celma. L'homme y raconte son expérience de professeur suppléant ayant tenté une approche différente de l'éducation. Il laissait en effet ses élèves travailler et choisir leurs matières à leur guise. Cette idée, très en avance pour l'époque, séduit le réalisateur qui s'en inspire pour co-écrire avec Celma le scénario du Maître d'école dont Coluche tiendra le rôle principal.
Il y incarne Gérard Barbier, un vendeur de vêtements viré après avoir défendu un enfant surpris en train de voler une paire de chaussures. L'homme décide d'un changement de carrière radical et devient instituteur. Barbier se pense assez fort pour tenir les enfants qui vont pourtant lui en faire baver des ronds de chapeaux.
Le Maître d'école ne rate pas sa rentrée et amuse plus de 3,4 millions de spectateurs en France. Pourtant, sur le tournage, tout est loin d'être rose.
Coluche au plus mal
Le film est une vraie bouffée d'oxygène pour le public alors que l'association entre les enfants turbulents et l'acteur est un régal à l'écran. Coluche est un gentil et ça se ressent dans ce rôle qui fait ressortir ce côté-là de sa personnalité. Pourtant, dès que Claude Berri dit "Coupez ! ", la dureté de la vie le rattrape et il plonge dans la dépression. Sa fausse candidature à la présidence du pays l'a complètement vidé, et, surtout, a été le dernier clou dans le cercueil de son mariage. Sa femme n'en peut plus de la vie frénétique que représente le partage du quotidien de l'acteur. Alors elle part pendant qu'il tourne Le Maître d'école, emmenant avec elle leurs deux fils Marius et Romain. Plongé dans une détresse folle, le comédien sombre dans la drogue et l'alcool.
Pourtant, sur le tournage, rien ne transparaît et Coluche joue son rôle de professeur attentionné mais débordé à la perfection. Il est entouré d'une troupe d'acteurs et d'enfants joyeux avec qui il ne s'ennuie pas. Josiane Balasko, pourtant brouillée avec le comédien avant que ne commence le tournage, se souvient d'un moment agréable durant lequel ils se sont bien amusés. On découvrait alors ici un Coluche tout en tendresse, loin des clowneries habituelles et faisant preuve d'un vrai talent d'acteur.
Si Le Maître d'école marque les esprits, c'est la deuxième collaboration entre Coluche et Claude Berri qui poussera le comédien encore plus loin dans le drame. Pour sa prestation dans Tchao Pantin, il recevra même le César du meilleur acteur plus que mérité.